Le tribunal criminel près la cour de Annaba a condamné hier, dans un procès à huis clos, Jean-Michel Baroche, un Français de 68 ans, à 7 ans de prison ferme et une amende de 200 000 DA, son associé B. R., 36 ans, à 6 ans de prison ferme, S. A., 58 ans, ex-vice-président de l'APC de Annaba, à 4 ans de prison ferme. Deux autres accusés – A. F., 37 ans, une employée de la wilaya, et M. Y., 59 ans, un médecin gynécologue – ont écopé chacun d'une peine d'un an de prison ferme. Cités dans cette affaire, trois médecins, dont deux gynécologues et un généraliste, ont quant à eux été acquittés. La veille, le procureur de la République a requis à leur encontre des peines allant de 3 à 10 ans de prison ferme. Selon l'arrêt de renvoi, la justice algérienne reproche au vieux Français, l'accusé principal, 9 chefs d'inculpation, entre autres, production et distribution de films pornographiques, détournement de mineures, incitation à la débauche, viol, avortements, corruption, infraction aux changes (96 000 euros) et détention et consommation de drogue. Les victimes sont au nombre de 10 filles, dont 3 mineures au moment des faits. Elles ont été enrôlées par Jean-Michel Baroche via ses complices pour finir, à l'aide des somnifères, dans son lit et sous le zoom de son caméscope dont les scènes sont destinées à de courts films et des photographies pornographiques. Appelé à la barre, Jean-Michel a nié catégoriquement, selon ses avocats, tous les griefs retenus contre lui, assurant qu'il n'a violé aucune fille. «Je n'ai violé personne. Et si rapport sexuel il y a, c'est avec le plein consentement des jeunes filles. Cependant, je regrette de n'avoir pas pris en considération les traditions de la société algérienne», a-t-il plaidé en larmes devant un parterre composé essentiellement de ses jeunes victimes. Son associé B. R. lui a emboîté le pas, confirmant les déclarations de l'accusé principal. L'élu et candidat FLN aux législatives de novembre 2012 au moment des faits a plaidé également non coupable. Pour lui, selon sa défense, «j'ai connu JMB dans des circonstances normales. Il m'a sollicité moult fois pour des services administratifs qui ne relèvent pas de mes prérogatives de vice-président de l'APC de Annaba, dont des rendez-vous avec le maire de la ville et le wali de Annaba. Notre relation s'est limitée à des conseils concernant des projets qu'il voulait monter dans notre ville. Quant aux filles qu'on m'accuse d'avoir violées, je démens formellement cette accusation». Les médecins accusés, dont Dr Nezzar et Dr Kermiche, ont qualifié ce procès d'un remake de l'affaire Marc Dutroux en Belgique. Quant à la jeune fille déclarée victime, elle a demandé au président de lui rendre justice, car l'accusé principal a abusé d'elle sexuellement sous l'effet de somnifères. Ce qui lui a valu, selon elle, sa virginité. Force est de souligner qu'aucune pièce à conviction, notamment les enregistrements vidéo à caractère pornographique récupérés depuis les ordinateurs et cartes mémoires de téléphones cellulaires du vieux Français, n'ont été présentées au procès. Tous les représentants de la presse appelés à quitter la salle d'audience avant-hier après le début du procès suite au huis clos décidé par le président du tribunal criminel, Mamène Brahim, ont cru que cette mesure est justifiée par l'exposition des films X en pleine salle, d'autant plus qu'un data-show et un écran ont été mis en place. Rien n'a été fait malgré l'insistance du collectif de la défense, déplore Me Abderahmane Boutamine. Pour rappel, l'affaire remonte au 18 avril 2012, lorsque l'une des victimes, R. Majda, avait déposé une plainte auprès des services de la sûreté de wilaya, dénonçant l'existence d'un réseau de pornographie dirigé par un ressortissant français. Dix jeunes filles, déclarées victimes dont des mineures au moment des faits, et 23 témoins ont été entendus lors de ce procès de deux jours qui a été marqué par une ouverture totalement ratée.