Elles aiment la musique, le raï. Elles s'appellent Françoise Charpiat, Meriem Hamidet, Rachida Brakni, Biyouna, Isabelle Carré, Agathe de La Boulaye ou encore Anne Derré. Elles sont le fan-club, non le femme-club du film Cheba Louisa. Lundi soir, la Cinémathèque d'Alger a été envahie par les femmes. Et pour cause ! Cheba Louisa «s'y produisait». Cheba Louisa, un film de la réalisatrice Françoise Charpiat, a été présenté en avant-première, au grand bonheur du public, et ce, quelques jours avant sa sortie simultanée en France et en Algérie, le 8 mai prochain, sous les auspices de Cirta Films et en présence de la Dream Team féminine, la cinéaste Françoise Charpiat, la co-scénariste Meriem Hamidet, les actrices Rachida Brakni, Agathe de La Boulaye et Anne Derré. Et avec comme invité de marque, le grand chanteur algérien, Rachid Taha, qui a signé la bande originale de Cheba Louisa. Le pitch : Djemila, juriste célibataire a enfin son propre appartement, à deux pas de chez ses parents. Française d'origine maghrébine, elle fait tout pour gommer ses origines. Emma, sa voisine déjantée et fauchée, rame pour élever seule ses deux enfants. Alors que tout oppose les deux femmes, la passion pour la musique et de surcroît l'algérienne, le raï, elles se prendront en sympathie. Une délirante, burlesque, hilarante, généreuse et émouvante comédie. Rachida Brakni (Djemila) et Isabelle Carré, dans un rôle contre-emploi, car extravertie à la Amy Winehouse (par opposition à ses rôles de névrosée et introvertie), crèvent l'écran. En outre, les comédiens Biyouna et Sid Ahmed Agoumi, parents de Djemila, Agathe De La Boulaye et M'hamed Arezki jouent avec une justesse incroyable. Un film à rebrousse-poil des clichés portant sur les «Reubeux» (beurs), exprimant haut (en couleur) et fort une tolérance, un humanisme, une liberté et puis cette beauté simple. Cheba Louisa parle de condition féminine avec un nouveau regard, frais, autre et surtout féminin et courageux. Et ce, contre «les bien-pensants» de l'establishment, l'hypocrisie, les qu'en-dira-t-on, le conservatisme frisant l'ineptie obscure de l'intolérance… D'ailleurs, la chanson récurrente dans Cheba Louiza, Khalouni, goupillée par Rachida Taha, figurant dans son nouvel album Zoom est éloquente et significative . Les lyrics disent : «Laissez-moi vivre ma vie ! » De plus, Françoise Charpiat sait bien filmer les femmes. A hen party (une fête entre femmes) ! Une fluidité filmique, une délicatesse féminine et suave dans la direction d'acteurs (on sent la complicité) et puis, ce contraste artistique très fin, le jeu de rôles entre Djemila et sa grand-mère, Cheba Louisa, chanteuse de raï dans les années 1950-1960. Entre un noir et blanc nostalgique et une couleur «prononcée et annoncée», Cheba Louisa est dans la même veine que La Graine et le Mulet, Satin Rouge ou encore Just like a woman de Rachid Bouchareb. La dernière image, comme dirait Mohamed Lakhdar Hamina, la scène où Rachida Brakni (Djemila) chante elle-même, est mouvante, émouvante et lacrymale. On découvre la jolie voix de Rachida Brakni. Cheba Louisa sera à l'affiche au cinéma Cosmos à Alger à partir du 8 mai 2013.