Débat n Lors d'une conférence de presse, tenue hier, à l'hôtel Sofitel, Françoise Charpiat, réalisatrice de Cheba Louisa, projeté à la cinémathèque d'Alger, est revenue sur la genèse du film. «J'ai fait ce film en réaction au débat sur l'identité nationale qui s'était imposé en France sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ce débat est une provocation flagrante qui méritait donc une riposte appropriée», a déclaré Françoise Charpiat qui s'est dit irritée par ce débat. «Dans mon film, je voulais contrer les idées véhiculées par le débat sur l'identité nationale en montrant des personnages évoluant dans un environnement social et politique commun à tous les Français quelles que soient leurs origines», a-t-elle expliqué. Par ailleurs, Françoise Charpiat explique que le film est aussi «une histoire de relation entre les individus». Il faut savoir «comment est perçu l'autre, respecter ses choix, éviter le conflit de générations et ne pas juger les autres selon notre grille de lecture, mais les accepter tels qu'ils sont». Ce film, coécrit par deux femmes (Françoise Charpiat et Meriem Hamidat) et réalisé par une femme ((Françoise Charpiat), est interprété par deux femmes (Rachida Brakni et Isabelle Carré) qui évoluent dans une situation spécifique aux femmes. «Même si la réalisation du film est marquée par un encadrement féminin, on ne peut le qualifier de féministe ou de film de femmes, l'idée de ce long métrage n'adhère pas aux idées féministes, c'est juste un film qui parle de la condition féminine au sens large», a précisé Françoise Charpiat. Quant à la scénariste, Meriem Hamidat, elle soutient : «Dans le film, on voulait éviter les caricatures. C'est une histoire où on ne fait pas de différence entre telle et telle communauté ou entre femmes et hommes. Il ne serait pas utile aussi de dire que c'est un film de femmes, sinon il serait valable de qualifier les films réalisés par des hommes de film d'hommes.»Pour rappel, l'histoire est partagée entre deux héroïnes de cultures différentes, mais les deux sont confrontées à des préjugés et des regards malveillants de leurs voisinages. «Je voulais montrer des lieux où la rencontre entre Français de souche et Français d'origine maghrébine est plus rapprochée, où les différences se dissipent et où l'intérêt est porté juste à l'être lui-même», souligne Françoise Charpiat qui aimerait que ‘Cheba Louisa' soit perçu «comme une bouffée d'oxygène dans un monde de brutes». Celle qui voulait montrer deux communautés qui apprennent à s'aimer dira : «J'en avais marre de toutes les images qu'on véhicule et tous les clichés galvaudés. Le film est une invitation simple à considérer l'autre.» Françoise Charpiat qui dit avoir choisi la comédie pour évoquer des thèmes plutôt douloureux, déclare : «Je crois au pouvoir de l'humour comme vecteur d'opinions, d'engagements.» Notons que la sortie publique dans les salles algériennes est prévue pour le 8 mai prochain, à Riad-el-Feth, et ce, en même temps qu'en France.