La Cinémathèque algérienne a abrité, lundi dernier, l'avant-première du film français Cheba Louisa de Françoise Charpiat. Projetée en Algérie avant sa sortie en France, prévue pour le 8 mai prochain, Rachida Brakni tient le rôle titre dans ce long métrage, et partage l'affiche avec, notamment, Biyouna. La projection s'est faite dans une salle comble, en présence de Rachida Brakni, Rachid Taha — qui a composé les chansons et la musique du film — ainsi que la réalisatrice, la productrice, Anne Derré et Mariem Hamidat, coscénariste du film. D'une durée de 95 minutes, Cheba Louisa raconte, sur un ton léger, l'histoire de Djemila, une jeune cadre d'origine maghrébine qui vient d'emménager seule dans un appartement. Interprétée par Rachida Brakni, la jeune femme est confrontée au poids des traditions face à son désir de liberté et d'émancipation. Avec une mère autoritaire, abusive et aux principes inébranlables — jouée par Biyouna — et un père tolérant et attentif, interprété par Sid Ahmed Agoumi, Djemila se cherche. Entre éducation et tradition arabo-musulmane et une société moderne, elle se bat pour imposer ses choix à sa famille et faire accepter ses origines et traditions à son entourage. C'est grâce aux chansons de sa grand-mère maternelle, cheba Louisa, chanteuse de cabaret, un tabou familial, qu'elle réussira finalement à se retrouver et se réconcilier avec son histoire et son identité. Dans cette comédie sociale, les clichés sont inversés. Au moment où beaucoup de films montrent les difficultés d'intégration que rencontrent les jeunes issus de l'immigration maghrébine en France, Cheba Louisa inverse les tendances ; et c'est Djemila, la fille d'immigrés, qui est instruite, cadre et bien intégrée, alors que sa voisine de palier Emma, Française de souche — interprétée par Isabelle Carré — mène une vie difficile de mère célibataire dont le compagnon est mort. Emma n'arrive pas à joindre les deux bouts. Les deux femmes, que tout oppose, apprennent à se connaître sans se juger et c'est l'amour de la musique qui les aidera à aller de l'avant et affronter leurs peurs. Inspirée par un article de presse sur les cabarets algériens, Françoise Charpiat a voulu traiter le sujet à sa manière avec une caméra. Et pour elle, le film traite la condition féminine au sens large. “Je n'ai pas volontairement choisi les Algériennes, si les cabarets et les chebbate étaient espagnoles, j'aurais fait un film avec des Espagnols", a-t-elle déclaré. Quant à Rachida Brakni, émue face à la réaction de l'assistance, elle n'a pu contenir sa joie, en déclarant : “Je suis toujours très émue de revenir en Algérie et à voir la réaction des gens. Lors de la projection j'ai eu les larmes aux yeux." “Changer de sujets et inverser les clichés me fais plaisir, il y en a marre du sujet du foulard en France. À croire qu'il n'y a que cela qui préoccupe et distingue les Maghrébines", a-t-elle ajouté. Cependant, la grande absente de cet événement a été Biyouna. Elle a été retenue en France pour des raisons professionnelles et pour aucune autre raison tient à signaler l'équipe du film. Par ailleurs, le film sortira le 8 mai. La productrice, Anne Derré, a indiqué qu'il sera projeté à Oran très prochainement. Le lendemain de cette projection, mercredi, une conférence de presse avec l'équipe du film a été organisée à l'hôtel Sofitel d'Alger. La réalisatrice, très satisfaite de cette avant-première algéroise, a estimé qu'il était intéressant de voir la réaction des Algériens sur le film. “Nous avons remarqué une nette différence d'appréciation et de ressenti", a-t-elle relevé. Des réponses sur le casting, sur la collaboration de Rachid Taha pour la musique ont également été apportées. La réalisatrice a expliqué n'avoir “aucun message politique à transmettre si ce n'est d'arrêter de regarder avec une grille de lecture préconçue les autres aussi différents qu'ils puissent être". F Y N Nom Adresse email