Préparé à la hâte et lancé dans la précipitation pour être au rendez-vous d'une inauguration présidentielle, dominée par des protocoles outranciers, la douzième édition du festival national de la musique andalouse aura finalement rattrapé, après quelques jours, les fausses notes de l'organisation. Pour les connaisseurs et les simples mélomanes, le programme tracé aura été des plus riches et des plus chargés, au point de relayer sur la scène du théâtre régional de Constantine, trois concerts en une seule soirée, chose qui ne manquera pas de créer quelques désagréments pour les associations musicales, obligées de rétrécir leur programme, pour des contraintes de temps. Le volet information, négligé par les organisateurs demeure toujours le point noir de ce type de manifestations où le menu des différents spectacles ne fut communiqué à la presse que cinq jours après l'ouverture du festival. Un aspect qui influera surtout sur les prestations prévues au centre culturel Med Laïd Al Khalifa, produites dans l'anonymat total. La nouveauté bien saluée a été l'animation de soirées dans les huit communes de la wilaya, une première étape vers la popularisation d'un événement qui a rarement dépassé les frontières de la ville de Constantine. Côté participation, le public avait l'embarras du choix pour ne pas rater tous les spectacles surtout qu'il est difficile de dénicher une place dans un théâtre quasiment plein durant toute la durée du festival. Il faut remonter loin dans le temps pour connaître une pareille ruée des associations représentant les prestigieuses écoles de la musique andalouse à Alger, Tlemcen, Oran, Mostaganem, Annaba, Blida et Méliana avec tout de même une absence remarquée des associations de Béjaïa, même si l'orchestre de musique andalouse de la ville de Tizi Ouzou aura laissé une bonne impression. Si la participation d'une douzaine de troupes de la ville organisatrice a dominé les débats, la grande satisfaction du public aura été sans conteste les prestations offertes par les jeunes qui marqueront la particularité de ce festival. Une chose rassurante sur l'avenir de la musique andalouse à Constantine. « C'est une meilleure occasion pour les jeunes musiciens privés de concerts de ce gabarit et qui trouvent ici le champ pour évaluer leurs capacités surtout que la majorité d'entre eux se produisent pour la première fois devant un public nombreux et connaisseur », nous dira un chef d'orchestre qui rappelle le travail de longue haleine accompli à la base pour assurer une relève à la hauteur de la réputation de la ville, surtout que la multiplication des associations musicales prônant la formation a créé une concurrence bénéfique. Il faudra saluer dans ce volet le travail accompli par l'association Inchirah dirigée par Khaled Zarabi, l'association Maqam menée par Larbi Bentellis, l'œuvre de l'association Awtar drivée par Toufik Touati, l'effort considérable d'initiation et de suivi assuré par Hamoudi Ben Hamoud à la tête de Nedjm Kortoba et l'œuvre remarquable accomplie par Mohamed Azizi à l'école de l'association Bestandjia où il continue de surprendre en lançant de jeunes talents sur des sentiers jusque-là réservés aux initiés. On ne dira pas assez en découvrant une fille de douze ans jouer aux nakrate sans complexe. La grande surprise du festival aura été celle donnée par les jeunes du conservatoire communal des arts Abdelmoumène Bentobbal encadrés par Rachid Boukhouiet et Chettab Kamel et qui ont émerveillé plus d'un lors d'un spectacle unique en son genre en présentant à merveille une nouba en partition conventionnelle. En guise de récompense, les jeunes musiciens ont été programmés à l'ouverture de la cérémonie de clôture qui a eu lieu hier, mardi, au théâtre de Constantine. Une clôture qui a été dédiée aux figures de proue du malouf constantinois qui ne sont plus de ce monde. Un vibrant hommage a été rendu ainsi au Cheikh Abdelkader Toumi Sief, un monument décédé en 2005 après une longue carrière consacrée à un art qu'il portait dans ses veines, Abdelmoumène Bentobbal, celui qui fut un artiste apprécié et le maître Rabah Bouaziz, parti dans l'anonymat après avoir donné les meilleures années de sa vie au malouf.