La 11e édition du Festival international de jazz, DimaJazz 2013, a été clôturée par un grand concert du chanteur de blues américain, Lucky Peterson. Constantine. De notre envoyé spécial Une tornade de rythmes et de mélodies, vendredi soir, au Théâtre régional de Constantine, en clôture du 11e Festival international de jazz, DimaJazz 2013. Le chanteur, organiste et guitariste américain, Lucky Peterson, et sa bande se sont chargés, avec une incroyable énergie, d'accélérer le mouvement des atomes. Pas de répit. Le guitariste canadien, Shawn Kellerman, avant l'entrée de la légende du blues sur scène, a ouvert la batterie des feux. Il a interprété deux chansons à forte charge de rock et de blues. Photo : Souhil Baghdadi
Le guitariste, détenteur du prestigieux Guitar player of the year, remis par Maple blues Awards (une société installée à Toronto, au Canada), a joint au jeu de l'instrument, l'expression corporelle, la présence scénique. Le rapport qu'a Shawn Kellerman avec la guitare semble plus que physique. Spirituel ? Amoureux ? Obsessionnel ? Les trois à la fois. Peut-être. Les traits du visage du musicien se décomposent selon l'évolution des notes, se recomposent lorsque la mélodie devient plus douce. Photo : Souhil Baghdadi
Tous les connaisseurs, de la scène blues-rock-jazz actuelle, savent que Shawn Kellerman est un guitariste hors pair. Il est, au plan technique, artistique et musical, parfait. D'où le choix, très judicieux, de Lucky Peterson de le faire monter sur scène en premier pour «chauffer» la salle à la bonne température. Le public fort nombreux n'en demandait pas plus. Lucky Peterson entre donc en triomphe sur scène, se mettant rapidement derrière le clavier pour commencer le tour de chant. Accompagné également par le Cubain, Raul Valdes, à la batterie et le Texan, Tim Waites, à la basse, Lucky Peterson a interprété des titres connus de son répertoire, tels que Trouble, I've got a woman, I'm ready, How do i, why do i, Been so long... Photo : Souhil Baghdadi
Lâchant son clavier, Lucky Peterson a pris sa guitare rouge et a commencé à jouer sur scène, est descendu en salle puis est monté au premier étage. Sans s'arrêter un seul instant de jouer. Toujours au premier étage, il a entamé une autre chanson à voix crue, puis au mirco, suscitant l'émerveillement des présents. Il est rare de voir des artistes de la dimension de Lucky Peterson sortir de la scène pour «plonger» au milieu de la foule, avec autant de générosité, d'entrain et de maîtrise. Les jeunes, profitant de l'occasion, ont pris des photos avec le bluesman américain. Photo : Souhil Baghdadi
Cela ne le gênait pas du tout. Au contraire, il semblait ravi que les gens l'applaudissent, le regardent avec respect. Revenu sur scène, il a lancé un autre tour de chant, en solo ou en duo avec son épouse, Tamara Peterson. La chanteuse a donné au show musical un second souffle. Elle a interprété plusieurs titres extraits, notamment, du double album live enregistré à Berlin, en Allemagne, au 55 Arts Club ainsi que de l'album Every second a fool is born. I dont like you (Je ne t'aime pas) est une chanson écrite par elle-même. Autant que cet autre titre racontant sa propre expérience avec le mariage. «Le mariage, c'est une début et une fin, entre les deux il se passe beaucoup de choses, beaucoup», a-t-elle dit. Le public de la dernière soirée du DimaJazz a eu donc droit à du blues, du rock, de la soul, de la funk... Photo : Souhil Baghdadi
Le couple Peterson a, à la fin du spectacle, invité deux enfants à danser sur scène, voire à répéter un refrain. Les deux petits Constantinois se sont bien débrouillés, suscitant des applaudissements et beaucoup de sympathie dans la salle. «Les enfants sont le symbole de l'amour et du vivre ensemble. Il n'y a pas de couleur. Il n'y a que la musique et la vie. Pas de guerre, pas de combat, la paix», a déclaré Lucky Peterson, lors d'une rencontre avec les journalistes à la fin du spectacle. Pour lui, il y a toujours un manque d'amour et de paix dans le monde. Photo : Souhil Baghdadi
Rappelé par le public pour «un bis», Lucy Peterson a terminé son show avec une reprise énergique de Superstition de Stevie Wonder et du thème de la série américaine Peter Gunn (créée par Black Edwars à la fin des années 1950). Wonderful (Merveilleux). Je me suis bien amusé !», a soutenu le chanteur américain à propos du public. Evoquant son propre nom, l'artiste a confié qu'il est chanceux d'être en vie. La vie est pour lui le cœur du réacteur de sa démarche artistique. Lucky Peterson, qui a joué parfois dans les églises aux Etats-Unis, a estimé que le blues ne disparaîtra jamais. Autant pour le jazz et le gospel. Photo : Souhil Baghdadi «Le rap peut être démodé, pas le blues. Cette musique est toujours là, présente, partout, tout autour. Chanter le blues signifie être heureux, exprimer ses sentiments», a-t-il dit. «Nous chantons la vie, les victoires, la souffrance et la vérité. Sur scène, il faut être honnête face au public. Il faut être vrai. Nous sommes venus ici pour partager l'amour avec les Algériens», a confié Tamara Peterson, de con côté. «Et partager l'amour permet de vivre en harmonie», a-t-il repris. Lucky Peterson, qui a partagé la scène avec Cheb Khaled par le passé, a déjà animé des concerts au Sénégal et en Tunisie. Son passage au DimaJazz 2013 est le premier en Algérie. A-t-il un message pour l'Afrique, le continent de ses ancêtres ? «Oui, j'ai un message. Il faut arrêter les guerres, les tueries, les combats. L'Afrique a besoin d'amour. Les Africains ont besoin de vivre», a-t-il plaidé. Fils de James Peterson, un chanteur et guitariste, détenteur d'un club de blues «Governo's inn» (Muddy Waters et Bill Dogget se produisaient dans ce club de Buffalo), Lucky Peterson a appris, dès son jeune âge, l'orgue puis la guitare grâce à des maîtres comme Jimmy Smith et Willie Dixon.
Il a perfectionné son art aux côtés de Bobby Bland. Grâce au soutien d'un producteur de Floride, Bob Greenlee, Lucky Peterson a réussi à faire sortir ses premiers albums, comme Triple play. L'album, I'm ready, sorti au début des années 1990, a véritablement lancé la carrière internationale de Lucky Peterson. Un artiste qui sait allier le rock, la funk et la soul à l'âme du blues. Sa venue au DimaJazz est un événement à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire des festivals en Algérie. La nuit de vendredi 3 mai fut donc magique à Constantine. (*) Une nuit magique avec Lucky Peterson