Comment expliquer alors l'impuissance des représentants locaux des ministères concernés chargés de préserver cette côte ? Le cas de la plage du Chenoua est édifiant. Nous venons d'effectuer une visite sur la plage mitoyenne avec celle du complexe touristique Matarès de Tipaza. Le décor est choquant. Des habitations en cours de travaux sont édifiées aux abords du rivage de la sublime plage. Au moment où l'autorité de la wilaya s'est engagée à entreprendre des travaux pour dépolluer tout le littoral de la wilaya de Tipaza, des individus, pourvus de documents administratifs, continuent à construitre leurs villas. Le président de l'APC de Tipaza nous affirme avoir légalisé ce dossier, après avoir constaté que tous les services impliqués dans la construction avaient émis leur avis favorable. Néanmoins, il estime que le MEAT et celui du Tourisme peuvent remettre en cause le permis de construire, surtout après la promulgation de la loi sur le littoral. La direction de l'urbanisme et de la construction nous fournit un autre argument, en jugeant que cette loi en question est sans effet rétroactif, mais tient à préciser que chaque secteur qui avait émis son avis favorable pour autoriser la construction au bord de l'eau doit assumer ses responsabilités. Lors de notre récent passage, aucune plaque de signalisation relative à cet immense chantier n'était posée, hormis celle du projet de la ferme aquacole. En fait, il s'agit d'une coopérative immobilière attribuée, selon les propos de nos différents interlocuteurs, aux enfants de chouhadas. Le 13 décembre 1996, un groupe de personnes réunies lors d'une assemblée générale, avaient « désigné » le président de cette coopérative immobilière. Ce n'était autre que le mouhafedh FLN de la wilaya de Tipaza. Coopérative immobilière Belle Vue, tel est le nom de ce projet constitué de 66 lots pour des habitations individuelles, de type R+1 avec terrasse. Ce terrain situé au bord de la plage avait été acquis pour la modique somme de 8 091 365 DA. Après l'introduction de la demande du permis de construire par le président de la coopérative immobilière Belle Vue en date du 1er octobre 2001, il aura fallu attendre le 11 août 2002, pour que le président de l'APC de Tipaza daigne signer la décision du permis de construire pour cette coopérative immobilière sous le n°107/2002, après l'avis favorable émis par la direction de l'urbanisme et de la construction de la wilaya de Tipaza en date du 22 juillet 2002. La rapidité avec laquelle avait été signé le permis de construire sur une plage pour cette coopérative avait suscité beaucoup de questions. Des carcasses se vendent actuellement jusqu'à 15 millions de dinars, tandis qu'un lot de terrains en jachère est proposé à 8 millions de dinars. Des individus qui ont accaparé des lots de terrains par la grâce de la formule des prête-noms, sont arrivés à vendre leurs lots et carcasses pour profiter de l'aubaine et constituer des fortunes qui se chiffrent à des centaines de millions de dinars en toute tranquillité. Cette coopérative est actuellement visible depuis la route, à la suite de l'apparition d'un groupe de hautes habitations, défigurant ainsi le paysage. En dépit de l'existence de documents officiels, il n'en demeure pas moins que cette vente du DPM s'était déroulée dans l'opacité totale. L'actuel député s'était par la suite retiré de son poste de président de Belle Vue, pour laisser place à un successeur, un fonctionnaire très influent qui occupe le poste de chef de service au sein de la conservation foncière de la wilaya de Tipaza. Nous avons tenté de le rencontrer à deux reprises dans son bureau, en vain.