Le chef d'un mouvement salafiste djihadiste en Tunisie a menacé de livrer la guerre au gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda, qu'il accuse de mener une politique contraire à l'islam, selon un communiqué du groupe publié sur internet. «Aux tyrans qui se prennent pour des islamistes (...) sachez que vous êtes en train de commettre des bêtises qui précipitent la guerre», a averti Saif Allah Bin Hussein, alias Abou Iyadh, recherché par la police depuis septembre. «Votre guerre n'est pas contre nos jeunes mais contre la religion», a-t-il ajouté, dans un communiqué publié sur la page officielle de son groupe, Ansar Ashariaa (partisans de la charia). Inscrite comme association non gouvernementale, Ansar Ashariaa est le mouvement le plus radical de la mouvance salafiste djihadiste en Tunisie et son chef est recherché pour implication présumée dans l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis qui a fait quatre morts parmi des manifestants le 14 septembre 2012. «Si vous persistez dans vos bêtises, le soutien de l'Amérique, de l'Occident, de l'Algérie, de la Turquie et du Qatar ne vous sauvera pas lorsque le bruit des sabres se fera entendre», a poursuivi Abou Iyadh. «Je vous rappelle seulement que nos jeunes héros se sont sacrifiés pour la défense de l'islam en Afghanistan, en Tchétchénie, en Bosnie, en Irak, en Somalie et en Syrie et n'hésiteront pas à se sacrifier pour leur religion à Kairouan», a-t-il menacé. Ansar Ashariaa prévoit d'organiser un congrès annuel le 19 mai à Kairouan, alors que le ministère de l'Intérieur exige désormais l'obtention d'une autorisation préalable à toute activité publique des partis et associations. Le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant, avait menacé mercredi dernier de poursuivre «toute personne appelant au meurtre, incitant à la haine (...) ou plantant des tentes de prêche», en allusion au dispositif utilisé par les salafistes pour prêcher et diffuser leurs écrits. En réaction, la cellule d'Ansar Ashariaa à Menzel Bourguiba (nord) a juré, hier, de remplacer le drapeau national par la bannière noire des salafistes sur le bâtiment du ministère de l'Intérieur, selon une séquence vidéo largement relayée sur internet. Les forces de sécurité ont dispersé samedi et dimanche des rassemblements salafistes dans des quartiers de Tunis et en province, alors qu'ils tentaient de planter des tentes sur la place publique.