L'université M'hamed Bouguerra de Boumerdès (UMBB) a commémoré hier le 20e anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Une exposition d'écrits traitant de la catastrophe et de photos montrant l'étendue du désastre a été tenue à la bibliothèque de l'université. Ces dernières renseignent sur les conséquences de l'explosion de la centrale nucléaire de la petite ville ukrainienne et montrent ce qu'était le site avant l'accident, un coin paisible où il fait bon vivre, et ce qu'il est devenu après le sinistre : une contrée dévastée, désertée par ses habitants et qui « suscite l'intérêt de studios de production cinématographiques étrangers pour les besoins de films d'horreur ». Son Excellence l'ambassadeur de la République d'Ukraine, Borovyk Serhiy, a tenu à honorer de sa présence cette manifestation, marque d'amitié de la communauté universitaire de Boumerdès pour le peuple ukrainien. Mieux, il a animé un point de presse dans lequel il a longuement parlé de cette explosion, « une des plus grandes catastrophes qu'a vécue l'humanité durant le XXe siècle », et répondu sans équivoque à toutes les questions des journalistes. Un document émis par l'ambassade d'Ukraine en Algérie souligne que 3% des matières radionucléides contenues dans la nature ont été atteintes par la radioactivité générée par l'explosion. « Les rayons radioactifs se sont étendus jusqu'aux pays de l'hémisphère Nord, touchant 2218 villes et villages ukrainiens d'une population de plus de 2,4 millions d'habitants. » Quant au nombre de victimes immédiates de la catastrophe, il est d'un demi-million d'habitants, selon Green Peace International, rapporte le même document. A l'horizon 2015, la catastrophe se sera soldée par 200 milliards de dollars de pertes pour l'Etat ukrainien, dira l'ambassadeur. Pis, « l'Etat ukrainien, qui fait face à des problèmes d'ordre social, sanitaire, démographique, biologique et agricole suite à cette catastrophe, affronte actuellement la décomposition du sarcophage des parties restantes du réacteur du site sous l'effet de la radiation. Des études sont d'ores et déjà lancées pour le couvrir d'un deuxième sarcophage, mais il y a des risques d'une nouvelle explosion. Un milliard de dollars a été débloqué par la Banque européenne à cet effet, mais il faut d'abord savoir ce qui se passe à l'intérieur des parties enveloppées », souligne son Excellence Borovyk Serhiy. Les Ukrainiens en veulent aux responsables communistes de Moscou à l'époque qui avaient construit la centrale « au bord de la rivière qui alimente 70% de la population de la région en eau » et qui « avaient imposé un black-out total sur l'accident durant les premiers jours ». Cela dit, les risques n'écartent pas nécessairement le recours à la recherche nucléaire lorsque les programmes sont destinés à des fins pacifiques, a dit l'hôte de Boumerdès, précisant que 50% de l'énergie consommée dans son pays provient du nucléaire. C'est dans cet esprit qu'il ne voit « pas d'inconvénients à ce que d'autres pays, y compris l'Iran, développent leur programme de recherche atomique s'il est destiné à des fins pacifiques ». « L'Ukraine milite pour le droit des peuples à profiter de l'avancée de la science, mais elle a aussi adhéré au traité de non-prolifération nucléaire. Elle a totalement démantelé son arsenal nucléaire sans recevoir toute l'aide et les subventions promises », a conclu M. Borovyk, qui a remercié les responsables de l'université pour « ce geste de sympathie ». La rectrice de l'UMBB a pour sa part souligné « le partenariat exemplaire et qui se développe de plus en plus entre (son) établissement et des universités ukrainiennes, dont les compétences sont avérées dans tous les domaines ».