En dépit de la décision de justice qualifiant son action d'« illégale », le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a réussi sa grève. La majorité des campus universitaires de l'intérieur du pays était, hier, paralysée. La première journée de débrayage d'une semaine auquel a appelé le CNES a connu un suivi massif, selon les sections locales de ce syndicat. C'est le cas notamment à Constantine, Blida, Jijel et Boumerdès. En effet, l'arrêt de travail était à 100% à l'université Mentouri de Constantine, selon les estimations du coordinateur de wilaya. Le verdict prononcé par la justice n'a pas dissuadé les enseignants qui ont suivi le mot d'ordre donné par leur syndicat pour dénoncer « la politique de mépris des autorités envers l'enseignant et l'université ». La section du CNES de Constantine a tenu, hier, conformément au programme établi par son bureau, une assemblée générale à l'auditorium Mohamed Seddik Benyahia. A l'issue de cette réunion, les enseignants ont réitéré leur détermination à poursuivre leur action jusqu'au bout. Cette section n'exclut pas de « monter graduellement dans l'intensité des moyens de revendication afin de responsabiliser la tutelle en cas de pourrissement de la situation ». Même décors à l'université de Jijel. Selon l'évaluation du recteur de l'université de Jijel, Abdelmalek Zenir, 67% de cours n'ont pas été dispensés. La majorité des enseignants, a-t-on constaté, ont boudé les cours hier. Pour le coordinateur du CNES de Jijel, Yeslam Moussaoui, l'appel du syndicat a mobilisé encore plus les enseignants qui ne comptent pas faire marche arrière avant la satisfaction de leurs revendications. « Le CNES de Jijel avait avant cette action 122 adhérents. Aujourd'hui, nous en comptons 194 », a confirmé Yeslam Moussaoui. Ce dernier affirme, par ailleurs, que « l'université va très mal et n'a pas la place qui lui échoit dans la société. Le corps des enseignants devrait avoir une meilleure considération que celle qu'on lui impose actuellement », a-t-il ajouté. L'établissement universitaire du Blida a connu également une paralysie générale. Les grévistes ont même organisé une marche, hier matin, au niveau du campus Saâd Dahlab. Une marche suivie d'une assemblée générale. Les étudiants de l'université de Blida se sont montrés solidaires avec leurs enseignants. Les enseignants de l'université M'hamed Bouguerra (UMBB) de Boumerdès ne sont pas restés cois à l'appel du CNES. Selon les responsables de la section syndicale locale, 99% des profs ont répondu favorablement au mot d'ordre de grève lancé par le CNES. En revanche, l'administration de cette université parle d'un suivi de grève de 85,8% uniquement. La guerre des chiffres était rude entre l'administration et les responsables de la section du CNES de Boumerdès. De leur part, les enseignants n'ont pas caché leur mécontentement et n'ont pas hésité à crier leur ras-le-bol. Le niet opposé à leur revendication est, selon eux, inacceptable. Les campus universitaires de l'ouest du pays étaient aussi paralysés. Selon le coordinateur national adjoint du CNES, M. Mechab, 95% des enseignants des universités et centres universitaires de l'Ouest ont répondu favorablement à l'appel de leur syndicat. « Aujourd'hui, par leur engagement dans le mouvement de grève, les enseignants ont répondu à la persécution judiciaire de la tutelle et à son manque d'empressement à résoudre les problèmes socioprofessionnels portés dans la plateforme de revendications déposée il y a plus d'une année par les instances nationales du CNES auprès de la tutelle », a souligné l'interlocuteur. correspondants, M. M.