Le réveil du Japon, qui semble enfin émerger de sa torpeur économique, coïncide avec l'engourdissement prolongé de l'Europe toujours engluée dans la récession, au point, selon certains, de lui montrer la voie d'une sortie possible de crise. Tokyo a publié hier le chiffre de sa croissance au deuxième trimestre, un remarquable 0,9% qui témoigne de l'accélération de l'activité économique, après plus d'une décennie perdue pour son PIB, plombé par la déflation. Cette embellie de l'économie nippone est le résultat d'un savant mélange entre un mélange de politique monétaire forte et de stimulus budgétaire. La Banque du Japon a récemment décidé une refonte de sa politique en visant un doublement de la masse monétaire via des rachats massifs d'actifs, dont des obligations d'Etat afin de vaincre la déflation et doper l'activité. Cette brutale accélération d'une politique d'assouplissement entamée de longue date a également affaibli le yen et favorisé les exportations. Surtout, les consommateurs ont repris confiance, relançant la consommation interne. Mais en Europe, la BCE, qui agit dans le cadre d'un mandat très strict et sous l'œil vigilant de l'Allemagne hostile à toute surchauffe de la planche à billets, n'a pas les mêmes outils. Certes, elle a baissé son taux directeur à un niveau historiquement bas et dit étudier tous les outils à sa disposition. Mais le seul mécanisme comparable à ce que la banque centrale japonaise a mis en place, le programme de rachat d'obligations souveraines baptisé OMT, est très encadré. Et il n'a pour l'instant jamais été utilisé.