Les dirigeants africains réunis en sommet à Addis-Abeba ont décidé de créer une force de réaction rapide chargée d'intervenir dans les conflits sur le continent, a annoncé hier le président en exercice de l'Union africaine. Le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, actuellement à la tête de l'UA, a fait état devant la presse d'«une décision historique (du sommet) d'avoir une force de réaction rapide à laquelle de nombreux pays ont proposé de contribuer». Une telle force serait opérationnelle «immédiatement» grâce aux contributions d'ores et déjà offertes par l'Afrique du Sud, l'Ouganda et l'Ethiopie, a précisé devant les journalistes Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA en charge de la paix et de la sécurité. La mise en place d'une telle force «se veut une mesure provisoire en attendant que (le projet de) Force africaine en attente soit totalement opérationnelle», a poursuivi M. Lamamra. Les dirigeants africains discutent depuis des années de cette Force africaine en attente (FAA) prévue dès la constitution de l'UA, mais sa mise en place, initialement prévue pour fin 2010, a été repoussée et n'interviendra au mieux qu'en 2015. La nécessité, d'ici là, d'une force de réaction rapide est encore apparue lors de la crise au Mali, où la France a envoyé quelque 4000 soldats pour repousser les milices islamistes qui avaient conquis le nord du pays, tandis que les pays africains peinaient pendant ce temps à apporter une réponse militaire immédiate. L'idée d'une telle force rapide a été avancée au cours du sommet de l'UA qui s'est achevé hier par le président sud-africain, Jacob Zuma. «Et l'Assemblée (des chefs d'Etat) a accepté, de nombreux pays se proposant de contribuer des forces, à la fois des soldats et des forces de police», a précisé le Premier ministre éthiopien. Le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Ramtane Lamamra, a par ailleurs annoncé la décision des leaders africains de créer une source de financement alternative destinée aux activités de l'UA. «Il s'agit de doter l'UA de financement généré à l'intérieur du continent afin de renforcer l'indépendance du continent dans la prise de décision et dans leur mise en œuvre», a déclaré M. Lamamra. Selon le diplomate, les chefs d'Etat et de gouvernement ont instruit leurs ministres des Finances pour se réunir et identifier l'ensemble des sources additionnelles et alternatives afin, précise-t-il, que «chaque pays africain puisse retenir la contribution qui lui semble la plus à même de ne pas heurter son économie et dans le même temps participer de manière équitable à la génération de ces ressources qui seront engagées pour le financement des activités politiques, de paix et sécurité, mais aussi des activités économiques importantes telles que les infrastructures, l'industrialisation et les transports, qui ne bénéficient pas aujourd'hui de financement conséquent de la part de nos partenaires internationaux».