«La Cour pénale internationale (CPI) mène une sorte de chasse raciale en ne poursuivant que des Africains», a affirmé hier le président en exercice de l'Union africaine, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, après la clôture du sommet des chefs d'Etat de l'organisation à Addis-Abeba. «Lors de la création de la CPI, l'objectif était d'éviter toute sorte d'impunité, mais désormais le processus a dégénéré en une sorte de chasse raciale», a-t-il déclaré à l'issue d'un sommet qui a réclamé le transfert à la justice kényane des poursuites engagées par la CPI contre les président et vice-président kényans, «pour crimes contre l'humanité». «Les dirigeants africains ne comprennent pas les poursuites contre ces présidents (les deux chefs de l'exécutif kényan), je pense donc que la CPI doit bien voir qu'elle ne devrait pas pourchasser des Africains», a-t-il poursuivi devant la presse. Uhuru Kenyatta et William Ruto, élus respectivement en mars, président et vice-président du Kenya, sont poursuivis par la CPI pour «leur rôle présumé dans l'organisation des terribles violences ayant suivi le scrutin présidentiel de décembre 2007 au Kenya». «99% des inculpés de la CPI sont Africains, cela montre donc que quelque chose est biaisé au sein du système de la CPI et nous contestons cela», a poursuivi le Premier ministre éthiopien. Les dirigeants africains réunis en sommet à Addis-Abeba ont décidé également de créer une force de réaction rapide chargée d'intervenir dans les conflits sur le continent, a annoncé le président en exercice de l'Union africaine. Le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn a fait état devant la presse d'une décision historique (du sommet) d'avoir une force de réaction rapide à laquelle de nombreux pays ont proposé de contribuer. «Une telle force serait opérationnelle immédiatement grâce aux contributions offertes par l'Afrique du Sud, l'Ouganda et l'Ethiopie», a précisé devant les journalistes Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA en charge de la paix et de la sécurité. «La mise en place d'une telle force se veut une mesure provisoire en attendant que le projet de force africaine en attente soit totalement opérationnel», a poursuivi M. Lamamra. L'idée d'une telle force rapide a été avancée au cours du sommet de l'UA, qui s'est achevé hier, par le président sud-africain Jacob Zuma, «et l'Assemblée (des chefs d'Etat) a accepté, de nombreux pays se proposant de contribuer avec, à la fois, des soldats et des forces de police», a précisé le Premier ministre éthiopien.