Le monde du travail fêtera demain la Journée internationale des travailleurs coïncidant avec le 1er mai de chaque année. La fête des travailleurs algériens aura lieu dans des conditions particulières. Celle-ci reste marquée par l'acharnement des pouvoirs publics contre les organisations syndicales autonomes. Le droit constitutionnel consacrant le libre exercice du syndicalisme se trouve, 44 ans après l'indépendance et sans justification aucune, bafoué par les autorités. Ces dernières, arc-boutées sur « le principe de non-conformité » avec la loi, opposent un niet catégorique à toute demande d'agrément des syndicats autonomes. Pis, toutes les actions menées par ces syndicats sont déclarées illégales, et les leaders de ces mouvements sont traînés devant les tribunaux. Peut-on promouvoir la démocratie sans respecter les libertés, dont l'exercice du syndicalisme ? La réponse est tout simplement non. La démocratie, de par le monde, suppose le respect des libertés d'expression, du droit à la grève et du pluralisme syndical. Ce dernier est consacré par la Constitution et les Conventions internationales. En effet, l'article 6 de la loi 90-14 du 2 juin 1990 autorise toute personne désirant fonder une organisation syndicale à le faire, à condition qu'elle soit de nationalité algérienne d'origine ou acquise depuis dix ans au moins. En sus des lois nationales, les conventions du Bureau international du travail (BIT) et l'Organisation internationale du travail (OIT) exigent de tous les pays signataires, dont l'Algérie, le respect des liberté syndicales. Pourquoi alors refuser l'agrément à des organisations qui ont prouvé, par des actions sur le terrain, leurs capacités à mobiliser des milliers de travailleurs ? Le front social a connu, notamment durant les quatre dernières années, une effervescence sans précédent. L'éducation, l'enseignement supérieur, la santé, l'administration... pratiquement tous les secteurs d'activité sont ébranlés par des mouvements de contestation, mobilisant des milliers de personnes. En guise de réponse à cette capacité de mobilisation, le pouvoir oppose le mépris, la répression et le harcèlement judiciaire. Afin d'étouffer les organisations corporatistes, les autorités recourent actuellement à la justice. Pour avoir organisé des grèves, les leaders des organisations corporatistes sont souvent poursuivis en justice et leur passeport confisqué. C'est le cas notamment des responsables du CLA et du Cnapest. Tous les débrayages auxquels ont appelé les syndicats autonomes sont rejetés et déclarés illégitimes par la justice avant même leur organisation. Pourtant, le droit d'organiser une grève est consacré par la loi 90-02. Résultat : le bras de fer opposant le gouvernement et ces organisations se durcit davantage. A l'occasion de la fête des travailleurs, les syndicats autonomes, soutenus par les partis politiques de l'opposition, crieront encore une fois haut et fort leur ras-le-bol. Quelle sera la réaction des pouvoirs publics ?