Fête du Travail, fête des travailleurs : le 1er Mai est marqué chez nous par une certaine morosité. Le front social connaît des poussées de fièvre dans la santé notamment, la mercuriale grimpe sans cesse, le pouvoir d'achat est agressé... quotidiennement. Les travailleurs algériens célébreront, demain vendredi, le Premier Mai, leur Journée mondiale. Mais dans quelles conditions ? Peut-on réellement parler de fête, au vu des multiples caprices socio-économiques auxquels nos travailleurs sont exposés depuis quelques années ? Les cérémonies de remise de cadeaux, en guise de reconnaissance aux retraités, le recueillement sur les tombes des travailleurs et syndicalistes victimes du terrorisme, les discours de circonstance des officiels aux travailleurs….et l'ensemble des activités protocolaires ne suffiront pas à faire oublier le calvaire et la gymnastique cérébrale au quotidien pour arriver à boucler les fins de mois sans trop de dettes. Le maigre salaire perçu par les travailleurs algériens, ne leur suffit plus à assurer un seuil minimal de vie décente. Ils ont avalé des milliers de promesses creuses concernant une éventuelle augmentation de salaires. Mais, il semble que nos travailleurs bougent pour ne pas quitter leur place. Le Salaire national minimum garanti ( Snmg) a été porté, après des milliers de protestations et grèves, à 12 000 DA en janvier 2007. Mais cela n'a pas changé grand-chose au quotidien vu que parallèlement à l'augmentation du Snmg, les prix flambaient. D'autres grèves et protestations ont donc suivi et les pouvoirs publics ont, alors, voulu jouer sur le dossier des indemnisations. De nouvelles promesses ont été émises et la balle est dans le camp de la Direction générale de la Fonction publique (Dgfp) pour la finalisation des statuts particuliers, une étape incontournable avant de plancher sur les indemnisations. Plus de deux années après, la Dgfp affirme n'avoir finalisé que «près de 50% des statuts». Le seul espoir des travailleurs est, donc, pendu à l'achèvement du «chantier de la Dgfp». Les travailleurs prennent leur mal en patience et tentent de survivre tant bien que mal, espérant quand même un changement significatif de leur situation après que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, eut promis une sensible augmentation des salaires. Une augmentation dont le montant devrait être fixé au cours de la prochaine tripartite. L'augmentation tiendra-t-elle cette fois compte des prix pratiqués sur le marché ou s'agira-t-il encore une fois de miettes qui ne feront qu'empirer la situation ? En attendant des réponses, souhaitons quand même et malgré tout, bonne fête à tous les travailleurs. l Cette année, les travailleurs n'ont pas beaucoup de raisons de se réjouir et encore moins de faire la fête. Ce constat est valable pour tous les pays du monde du fait d'une crise financière qui n'en a épargné aucun et une récession à laquelle ont échappé de très rares entreprises financières. Il est néanmoins certain que la situation est plus grave dans les pays de la rive Sud. L'Algérie, malgré toutes les déclarations rassurantes des responsables, ne fait pas exception. Que les explications soient à chercher dans le contexte national (spéculations, libéralisation sauvage du marché, absence de contrôle…) ou international (crise financière, chute des prix du pétrole…) peu importe. Cela est l'affaire des économistes car ce qui intéresse le travailleur algérien c'est ce que son salaire lui permet comme niveau de vie. Et celui-ci est de plus en plus bas. Depuis quelques mois déjà, les prix des produits de première nécessité sont hors de portée de la grande majorité de la population. Les salaires, les plus bas du Maghreb il faut bien le rappeler, ne suffisent plus à nourrir les familles algériennes et leur assurer le minimum vital. L'appauvrissement de la population rampe sourdement gagnant du terrain pour toucher la classe majoritaire, qu'on qualifiait jusque-là de moyenne. Appellation qui frise aujourd'hui l'indécence quand on sait que beaucoup d'enfants interrompent leur scolarité par manque de moyens, que beaucoup d'autres poussent tous seuls, comme des herbes sauvages, car privés du minimum de vitamines et de protéines indispensables à leur développement physique et mental. Les travailleurs algériens n'ont, en effet, pas beaucoup de raisons de faire la fête cette année, même si la tripartite (Gouvernement-Ugta-Patronat) prévue pour bientôt, laisse entrevoir une lueur d'espoir quant à la révision, décidée et annoncée par le chef de l'Etat le 28 février dernier, du Salaire minimum national garanti.