Une connaissance approfondie du patrimoine archéologique est, selon les historiens, un facteur déterminant pour réconcilier l'algérien avec lui-même. L'histoire antique de l'Algérie a été revisitée à partir du patrimoine archéologique entreposé au musée Cirta -découvert sur divers sites déterminants- à travers plusieurs travaux de recherche issus des instituts et laboratoires d'archéologie du pays dont Constantine, Alger, Guelma, Sétif... Ils ont été livrés au public durant le colloque national d'archéologie qui s'est déroulé les 5 et 6 du mois en cours au musée Cirta et au palais des arts Ahmed Bey. La thématique -qui sort à notre sens des sentiers battus- a volontairement survolé le formel et l'académique pour impliquer le citoyen dans la sauvegarde d'un patrimoine déterminant dans sa quête identitaire. Selon Mustapha Dorbane, maître de conférences à l'institut d'archéologie de l'université Alger 2, et chef de projet sur les céramiques anciennes, que nous avons rencontré au palais Ahmed Bey, «il faut vulgariser la notion du patrimoine et le valoriser par l'organisation de stages pédagogiques, de formations de qualité au profit des étudiants, et instaurer cette culture dans les écoles primaires». Notre interlocuteur travaille actuellement avec ses doctorants sur l'élaboration de cartes de répartition géo-spatiale des découvertes des productions céramiques importées trouvées dans le constantinois. Et de préciser : «Le plus grand, et même l'unique site potier est Tiddis, il demeure pour nous un référent pour connaître toutes les phases par lesquelles est passée l'Algérie. Nous nous attelons à mettre en valeur l'ensemble des importations ayant eu cours notamment durant le règne de Juba II et de l'empire romain, dénotant d'un échange très important ; certaines pièces remontent au 4ème siècle av. J-C. Les céramiques retrouvées nous renseignent de façon édifiante sur les échanges commerciaux qui s'effectuaient entre autochtones (Numides) et Gaulois, Grecs, Italiques, Espagnols…». Un autre référent absolument incontournable pour une datation irréfutable, est la numismatique. Mme Chadia Khalfallah, conservatrice du musée des arts a axé sa communication sur la période ottomane à travers les pièces de monnaie (entreposées au musée Cirta), découvertes fortuitement en 2003 par des citoyens sur une terre agricole au douar dit Ben Zekri, dans la commune de Aïn Tine (w. de Mila). «Ce trésor, affirme-t-elle, absolument unique qui s'élève à un total de 190 pièces en or, nous renseigne de façon incontestable sur, par exemple, cinq sultans ayant régné en Algérie entre 1707 et 1788, dont nous citerons Mohamed IV (1703). Nous avons une idée très précise sur la position politico-économique des gouvernants ottomans et des procédés utilisés pour la préservation des richesses accumulées. Tout le cheminement historique de la conquête ottomane et de leur installation sur les vestiges de l'empire romain est clairement relaté sur ces pièces rigoureusement frappées. Au-delà de leur valeur financière, ces pièces présentent un intérêt artistique supérieur, avec des inscriptions en relief minutieusement ciselées.» La conférencière a étayé sa thèse par des photos du trésor soigneusement répertoriées et légendées. Une connaissance approfondie du patrimoine archéologique est, selon les historiens, un facteur déterminant pour réconcilier l'homme algérien avec lui-même.