Hier, au-delà du concept « jour férié », les travailleurs dans la wilaya de Tlemcen n'ont pas vraiment commémoré leur journée, comme cela se faisait naguère. Hormis quelques réceptions, surtout organisées par les unions locales de l'UGTA, les entreprises n'ont pas jugé nécessaire de partager cette journée symbolique avec leurs employés. C'est que les temps sont durs avec ce scepticisme qui plane sur le devenir des unités de production : bradage des sociétés publiques, compression des effectifs, licenciements, cherté de la vie... « Comment penser à faire la fête alors que rien n'est clair à l'horizon ? Et puis, ce serait hypocrite d'organiser des réceptions alors qu'au fond rares sont les travailleurs qui jouissent de leurs droits. Mais bon, vaut mieux gratter une journée payée sans travailler que de manger un gâteau et une citronnade », affirme, l'air épuisé, un ouvrier d'une entreprise en voie de privatisation. A Tlemcen, quelques banderoles vieillottes mettent en exergue des slogans vantant l'outil de production et la dignité du travailleur. A quelques kilomètres d'ici, à Maghnia précisément, à l'unité de l'ENCG, d'autres slogans dénoncent le bradage des biens publics et la hogra dont sont victimes les travailleurs... Dans ce magma de paradoxes, les travailleurs font contre mauvaise fortune bon cœur. « Reposons-nous aujourd'hui, demain sera un autre jour... »