Des troupes de Béchar, Ghardaïa et Alger ont été primées par le 7 ème Festival national de la musique diwane, clôturé vendredi soir à Béchar. Béchar De notre envoyé spécial
La troupe Diwane Aami Brahim de Béchar a décroché le premier prix du 7 ème Festival national de la musique diwane. Le Festival, qui s'est déroulé du 7 au 13 juin 2013, a regroupé quinze groupes venus de plusieurs régions du pays. Wlad Bambra d'Alger a obtenu le deuxième prix. Le troisième prix est revenu à la troupe Dandoune de Ghardaia. « Notre troupe porte le nom de Aâmi Brahim, notre mkadem. Nous n'avions pas de doute quant à nos possibilités de décrocher un prix. Nous sommes aux côtés de Aami Brahim depuis les années 1960. Nous souhaitons que Béchar aura également l'honneur d'organiser le Festival international du diwane. Le diwan est sa place, son « marsam », ici à Béchar. Nous avons gagné après avoir adapté le traditionnel dans notre interprétation du diwan », nous a déclaré Benabdoun Abdeldjabar, mâalem de Diwane âami Brahim. Gaad Diwane Bechar
Yousri Tamrabet dit Toto, leader du groupe Wlad Bambra d'Alger, a, de son côté, salué la prouesse de Rabah Djebrani dit Tchanga lors de la prestation du groupe sur scène. « Rabah a 20 ans seulement. C'est le plus jeune kouyou bango du festival. Il a joué avec des gens qui ont trois fois son âge. Je dédie le prix à Mâalem Benaissa aussi. Un prix qui va nous encourager pour faire plus, avancer. Ce que nous avons présenté, c'est une année de recherche, trois répétitions par semaine. Nous avons monté toute une organisation avant de venir à Béchar. Il était évident que chaque groupe participant cherchait le prix », a relevé Yousri Tamrabet. Selon lui, Wlad Bambra prépare beaucoup de surprises pour la prochaine édition du festival international du diwan prévu cet été à Alger. Les trois groupes primés au festival de Béchar gagnent une place au festival d'Alger. « Ce que nous faisons, c'est de la musique du diwan, pas le diwan. Nous restons ouverts à ce qui se fait ailleurs », a insisté Yousri Tamrabet. Zenani Abdelmadjid du groupe Gaadat El Waha de Béchar n'a pas caché sa colère après la proclamation finale des résultats. « Je félicite les lauréats. Je pense que mon groupe a bien travaillé sur scène. Donc, je me pose la question sur les critères d'évaluation du jury. Gaadat El Waha avait sa place parmi les trois premiers. Le public est témoin de ce que nous avons présenté sur scène. Qu'on ramène les vidéos de tous les groupes et qu'on en juge !», a-t-il protesté. Après l'annonce du palmarès, Aâmi Brahim, doyen des mkadmine du diwan de la Saoura, et l'américaine Tamara Turner, joueuse de gumbri, ont crée la surprise en interprétant le bordj diwan de Sayed Ali. A l'ancienne, les deux artistes étaient assis sur scène.
Aami Brahim et l'américaine Tamara Turner
Tamara Turner, qui prépare un doctorat en musicologie à Londres, a accompagné le groupe Wlad Bambra lors de la première soirée du festival. « Franchement, c'était la meilleure expérience de ma vie. J'ai rencontré Aami Brahim, il y a trois jours. Abdelhalim Araou (responsable de la communication du festival) a proposé qu'on joue ensemble sur scène. J'adore le style de Aami Brahim. C'est presque le même style que celui joué à Marrakech. Un style assez lent. Ana ferhana bezaf ! », nous a déclaré Tamara Turner qui tente d'apprendre la langue arabe. Aami Brahim a apprécié l'accompagnement musical de la chercheuse américaine. « Cette femme possède l'esprit du gumbri. Dès que je joue quelque chose, elle s'adapte et me suit facilement. Elle va réussir dans son jeu du gumbri. Elle a une bonne technique de jeu et aime bien apprendre. Tout ce que je l'ai dit, elle a exécuté à la perfection », a relevé Aâmi Brahim. Le groupe Gaada Diwane Béchar, qui était le grand invité du premier festival de la musique diwane de Béchar, est revenu pour animer un concert de presque deux heures. Le jeune public du stade Enasr, venu nombreux, en redemandait à chaque foist. Aicha Lebgaa, Abdelaatif et Tayeb Laoufi et les autres musiciens ont interprété plusieurs titres connus de leur répertoire tels que « Sobhan Allah », « Ghoumari », « Dhib el ghab », « Mahboula », « Orbana Rahala » (hommage à Khelifi Ahmed). « Nous pouvons pas mettre de côté les morceaux qu'on a toujours joué également. Nous faisons un mélange, cela permet de faire connaître nos nouveaux titres, le nouveau souffle et la nouvelle orientation du groupe. Nous partons maitenant beaucoup plus vers des choses afros pas par opportunisme. Cela s'impose à nous », a souligné Tayeb Laoufi qui se dit ravi que le festival de Béchar se perpétue.
Gaad Diwane Bechar
Le 7 ème Festival national de la musique diwane a tenu à rendre hommage aux artistes Houria Baba et Khadidja Ayadi. Khadidja Ayadi, native de Béchar, est actuellement souffrante. Le wali de Béchar s'est illustré par son absence à la cérémonie de clôture du festival. A l'ouverture de la manifestation, il n'était pas présent non plus. Une attitude qui ne se comprend pas dans la mesure où le Festival national de la musique diwane est la principale activité culturelle de toute la région de la Saoura. Au moment où le gouvernement tente de calmer la colère des populations du sud, exprimées ces derniers mois, certains walis du sud continuent d'avoir les mêmes comportements méprisants, hautains et indifférents. Jusqu'à quand ? Il est évident que la leçon de Ouargla n'a pas été apprise et que les walis font ce qu'ils veulent !