Une parade traditionnelle, un spectacle musical de rue ainsi qu'un concert ont ouvert à Béchar la septième édition du Festival culturel national de musique diwan. Ainsi, une parade traditionnelle de la localité de Kenadsa, nommée Berk Aïchou, suivie d'une procession de musiciens a longé l'un des grands boulevards du centre-ville avant de laisser place à la première scène du festival. Remontant à plusieurs siècles, Berk Aïchou est une parade du ksar de Kenadsa durant laquelle chaque rue du ksar fabrique des déguisements et des costumes d'animaux qui suivront une procession de Aïssaoua le 15e jour de chaque année lunaire. Cette date était initialement un jour de deuil et de tristesse dans le ksar et les chouyoukh de zaouïa ont décidé de le transformer en festivité avec la tenue de ce petit carnaval. La soirée inaugurale du festival a connu la participation du groupe Ouled Bambra d'Alger, en compétition officielle, la nouvelle troupe féminine Kerktou chapeautée par Hasna El Bécharia et du guitariste Lotfi Attar. Le jeune groupe algérois a brillé par sa maîtrise instrumentale et la diversité de son programme tiré du répertoire du gnawi marocain, du diwan algérien et du stambali tunisien avec des bordjs (morceaux) rares. Ouled Bambra mené par Yousri Tamrabet au gumbri ont aussi reproduit sur scène la tradition du diwan avec une entrée en procession (aâda) et des chorégraphies koyo bien élaborées. Hasna El Bécharia a présenté pour la première fois sur scène une troupe exclusivement féminine composée de musiciennes de Béchar, créée en mars dernier, afin de faire revivre le diwan féminin, une pratique perdue. Le nom de la troupe Kerktou, qui est aussi celui d'une association de sauvegarde et de promotion du diwan féminin, vient d'un vieil instrument de percussion de la région réservé aux femmes. Hasna El Bécharia est la première femme à jouer du gumbri. Le groupe algérois Ouled Bambra a aussi partagé la scène avec l'ethnomusicologue et musicienne américaine Tamara Turner qui a accompagné la troupe au chant et au qarqabou sur scène et lors de la parade d'ouverture. Universitaire et chercheuse, Tamara Turner s'intéresse depuis 2008 aux musiques spirituelles africaines et a passé une année au Maroc où elle a étudié le diwan avec un maâlem qui a fait l'objet de sa thèse. Actuellement, l'universitaire qui a découvert les similitudes et divergences entre le gnawi marocain, le diwan algérien et le stambali tunisien s'est attelé à une nouvelle étude doctorale auprès d'une université londonienne. C'est grâce aux réseaux sociaux que Tamara Turner a «découvert et apprécié le travail du groupe Ouled Bambra qu'elle a décidé de rejoindre à Alger avant d'être séduite par l'idée de participer au festival et découvrir la région de Béchar haut lieu du diwan algérien». La septième édition du Festival culturel national de musique diwan se poursuit jusqu'au 13 juin avec 15 troupes en compétition et des conférences autour du thème : «Diwan, de l'espace sacré à la scène artistique».