Dix-sept personnes, dont deux PDG de Sonelgaz, l'actuel et son prédécesseur, ont été inculpées par le juge de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, apprend-on de source judiciaire. L'affaire concerne la réalisation par le groupe français Alstom et l'américain General Electric des centrales électriques de Koudiet Edraouech (El Tarf) et de Terga (Aïn Témouchent) pour un montant de 5,5 milliards de dollars. Confiée au juge de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger, l'affaire des surcoûts dans la réalisation et l'acquisition des centrales électriques entame sa vitesse de croisière. Ainsi, le magistrat a inculpé l'actuel PDG de Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, son prédécesseur Abdelkrim Benghanem, ainsi qu'un ex-responsable de la distribution, exerçant actuellement à Sonatrach. 15 autres cadres de la société et du secteur en général ont été par ailleurs inculpés. Selon nos sources, les mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire et interdits de quitter le territoire national tant que l'affaire n'a pas été close. Ils seraient poursuivis pour avoir entre autres «violé les dispositions du code des marchés publics», et la loi sur la corruption. Les installations ont coûté le triple de leur prix Pour l'instant, aucune information n'a été donnée par le groupe Sonelgaz, sur ce dossier qui éclabousse bon nombre de ses cadres dirigeants. L'affaire concerne en réalité le contrat de deux centrales électriques à Terga (Aïn Témouchent) et à Koudiet Edraouech (El Tarf), signé en 2007, pour un montant de 5,5 milliards de dollars. D'une capacité de 1200 MW chacune, ces deux centrales auraient coûté le triple de leur prix réel. En effet, les circonstances dans lesquelles les deux marchés ont été octroyés à Alstom et à General Electric, avaient suscité de lourdes interrogations dans le milieu énergétique. A l'époque, les deux soumissionnaires (Alstom et General Electric) avaient fait des offres jugées trop excessives par rapport au plafond fixé par Sonelgaz, à savoir 3,4 milliards de dollars. Piégés par ces offres, la commission d'évaluation leur demande de revoir à la baisse leurs prix, mais ils refusent. Mieux, le marché est scindé en deux pour que chacun des soumissionnaires puisse obtenir un marché. Alstom arrache la construction de la centrale de Terga, dans un délai de 45 jours, pour un montant de 2,2 milliards de dollars, alors que General Electric réalise la centrale de Koudiet Draouech d'El Tarf, dans un délai de 48,5 jours, pour une enveloppe de 2,3 milliards de dollars. N'assurant que le volet engineering-équipements, les deux compagnies ont fait appel à des sous-traitants pour leur confier l'aspect construction du marché. De ce fait, Alstom a sous-traité avec Orascom Construction et General Electric, avec le groupe espagnol Iberdrola. Les spécialistes du domaine affirment que les montants de ces deux marchés sont trop excessifs, si l'on prend en compte la réalisation de la centrale électrique de Hadjret Ennous, à Tipasa, par le canadien SNC-Lavalin. En effet, pour la même capacité (1200 MW), cette centrale a coûté 826 millions de dollars, et elle a été confiée à la société Sharikat Kahraba Hadjret Ennous (SKH), une forme de partenariat public et privé entre Sonelgaz (10%), Sonatrach (10%), la société commune Sonatrach Sonelgaz AEC (29%) et la joint-venture SNC-Lavalin et Moubadala d'Abu Dhabi aux Emirats (51 %). Des écarts de montants qui intéressent depuis quelques mois le juge de la 9e chambre du pôle pénal spécialisé de Sidi M'hamed, et qui sont à l'origine de l'audition de plus d'une vingtaine de personnes, dont des témoins, à l'image du représentant de SNC-Lavalin, mais aussi des cadres de Sonelgaz. Dix-sept parmi ces derniers ont été inculpés, dont l'actuel PDG et son prédécesseur, vers la fin du mois de mai et le début de juin 2013. Dans ce dossier, encore une fois, le nom de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a été cité, étant donné qu'il aurait pesé de tout son poids pour favoriser Alstom et General Electric.