L'Algérie accuse un déficit de 27 accélérateurs de radiothérapie l Sur deux patients guéris d'un cancer, un l'est grâce à la radiothérapie l 40 000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. Le président de la commission santé à l'Assemblée populaire nationale (APN), le professeur Bourazegue, a appelé à l'installation d'une commission d'enquête parlementaire sur la situation de la prise en charge du cancer en Algérie, thème de la journée parlementaire organisée hier par la commission de la santé, du travail et de la solidarité nationale au Conseil de la nation. Une commission qui devra, selon lui, enquêter sur les projets de réalisation des centres anticancer lancés dans le cadre d'un programme national depuis 2006 et qui n'ont jamais abouti. «Pourquoi ces centres n'ont pas vu le jour ? Où est passé l'argent destiné à ces centres ? Il faut demander des comptes», s'est-il offusqué, avant de rappeler que les hôpitaux vivent une situation dramatique en matière de pénurie de médicaments et de réactifs nécessaires pour le diagnostic de certaines maladies, notamment le cancer. Un autre parlementaire s'est interrogé sur le sort des 200 millions de dinars alloués au budget de la santé dans le cadre de la loi de finances en 2010-2011. De nombreuses questions ont été posées mais demeurent sans réponses puisque les problèmes de la prise en charge se sont accumulés depuis plusieurs années et le nombre de malades a connu une croissance fulgurante. La situation est aujourd'hui très critique, sont unanimes à signaler tous les intervenants. Le constat est sans appel. Avec 40 000 nouveaux cas de cancer, dont 70% arrivent à un stade localement avancé, a souligné le professeur Chachoua, présidente de la commission santé. Il y a seulement 30% de malades qui sont diagnostiqués à temps et bénéficient d'une chirurgie ou d'une thérapie au moment voulu, a-t-elle déploré. Bien que les traitements médicamenteux soient aujourd'hui disponibles dans les centres de lutte contre le cancer, le mal demeure encore très important. Le professeur Bouzid a souligné que la survie de personnes atteintes du cancer s'est nettement améliorée en Algérie. «A stade égal, la survie des patients algériens atteints du cancer est identique à celle des Européens ou des Américains», a-t-il signalé, avant de préciser que des cas sont souvent diagnostiqués tardivement en citant l'exemple du cancer du sein dont 80% des cas arrivent à un stade avancé et métastatique, d'où, a-t-il précisé, la nécessité du dépistage précoce et l'amélioration des moyens de diagnostic. Le professeur Boualgua, chef du service de radiothérapie à l'hôpital de Blida, a pour sa part évoqué l'importance de la radiothérapie dans la prise en charge du cancer. Mais de nombreuses insuffisances sont à déplorer que ce soit dans les équipements, les infrastructures et les spécialistes. «Des progrès ont été faits dans la formation, mais pas assez», a-t-il souligné, sans manquer de relever les longs délais dans la réalisation des structures. Les pannes de machines sont aussi un problème épineux. L'Algérie enregistre un déficit de 27 accélérateurs de radiothérapie. «Actuellement seulement 9 accélérateurs sont fonctionnels, contrairement au Maroc qui dispose de 32 machines et la France de 400», a-t-il indiqué. «Nous avons été surpris par le cancer», a souligné le professeur Zitouni, chargé par le président de la République de l'élaboration du plan cancer. Ce qui constitue, selon lui, un fléau important de par son épidémiologie, sa complexité pathologique et sa prise en charge. Il estime qu'«il mérite une place particulière avec un plan particulier et de manière beaucoup moins bureaucratique». Pour le professeur Zitouni, il est urgent de réorienter toute la philosophie du système de santé algérien, «à commencer par la révision de certains textes réglementaires». «Il faut assurer une coordination entre les secteurs public et privé, une homogénéisation des protocoles thérapeutiques et une communication permanente entre spécialistes. Le malade atteint du cancer est aujourd'hui traité entre les cloisons des spécialités», a-t-il déclaré, avant de signaler qu'il y a un problème de répartition des ressources. Ce cri d'alarme lancé à partir du Conseil de la nation ne risque pas de connaître d'écho puisque le premier concerné par la situation, le ministre de la Santé et ex-président de l'APN, M. Ziari, a quitté la salle avant la fin des travaux.