Nadiya est une chanteuse française de r'n'b d'origine algérienne qui fait un tabac avec son dernier single « Tous ces mots ». Elle est de retour en Algérie pour une quête initiatique et pour un concert à Alger. Nous avons rencontré une chanteuse au caractère très trempé, d'acier et ayant la foi. C'est le retour de la fille prodigue et prodige en Algérie... C'est avec plaisir que je reviens sur le sol de mes parents et ma terre aussi. Je me suis toujours sentie algérienne dans le sang et dans mon coeur. J'étais particulièrement émue de mon retour en Algérie. J'avais très envie de retourner sur la terre de mes grands-parents. C'est une espèce de retour aux sources. Ce sont des gens qui m'ont porté et aimé. Venir chanter en Algérie, c'est une immense fierté pour moi. C'est un voyage initiatique sur les traces de vos racines... Mais c'est le voyage initiatique de mes racines, les walis (les saints patrons de la région de Mostaganem). Tout ce que j'ai fait et vécu avec ma mère. Dans la région de Mostaganem... Nous sommes allés à Sidi Lakhdar et Sidi Ali. On a fait un pique-nique pas très loin du cimetière de mes grands-parents. Il faisait beau et 30°. De la verdure partout. Les journalistes parisiens qui m'accompagnent étaient hallucinés par ce paysage bucolique. Et puis, la mer qui change de couleur. J'étais fière de leur montrer ce beau panorama. Vous avez visité la maison de vos grands-parents... Oui, c'est une vieille maison abandonnée dans un douar (hameau) après l'exode qu'a connu la population rurale les dernières années. J'ai demandé à casser la porte. Parce que je voulais absolument entrer dans la petite pièce, la chambre de ma grand-mère. C'était émouvant... Oui, très émouvant ! Je me suis souvenue des moments passés auprès de ma grand-mère quand elle m'appelait et me contait des histoires. Car elle était non-voyante. Alors, j'imaginais le frech (le lit à même le sol). A Sidi Lakhdar, c'était émouvant aussi. C'était très... Très fort et en paix avec vous-même... Il fallait que ça sorte. J'étais face à moi-même et aux miens. J'ai dû bien me purifier de plein de vibrations. Et puis il y avait un vieil homme qui faisait des douaâ (il priait Dieu) pour moi. Justement, Nadiya, vous très croyante. Vous parlez de Dieu. Vous avez la foi... Oui, je suis très croyante. Cela fait partie de moi. La foi est ma colonne vertébrale. Voilà, c'est quelque chose qui est là. C'est votre force... C'est ma force, voilà. Et dans le titre inédit Hamdoulilah que je chanterai demain soir, je parle de ma force, ma foi. Et je raconte mon histoire à travers la foi en Dieu. Vous dites que Dieu est le plus grand scénariste de l'univers... Ah ! C'est le plus grand scénariste du monde et de l'infini. Eh, oui ! Il est trop fort ! Mon fils me dit : Il est trop fort, Dieu ! (sourire). Et cette résistance et endurance olympiques... Cela, c'est une force que je qualifierai de technique de par un moral d'acier et de persévérance. Parce que si je n'avais pas eu cette expérience sportive (championne de France du 800 m), je ne crois pas que j'arriverai à faire ce que je fais aujourd'hui. On sent que Nadiya est aussi cinéphile à travers vos référents discographiques... Ah oui, je suis cinéphile complètement ! A travers mes sons, la mise en scène, les introductions de mes chansons, mes clips, mes titres. C'est ce qui me permet de me projeter. Je suis quelqu'un d'assez visionnaire. Il faut que je sois portée par une image me permettant de penser et de défendre quelque chose. Là, dans mon album figure un titre Au coeur de la rue où j'ai utilisé des sons de la série TV Les rues de San Fransisco, Kojak... Des sons très hip-hop. C'est pour dire aussi que c'est dans la rue que j'ai grandi. J'extrapole, en fait, dans un univers d'images, de son-cinéma... Avec une atmosphère très urbaine qui est la mienne. Vous êtes une battante quant à vos choix artistiques... Les choix sont durs dans la vie. Vous savez quand vous arrivez à faire des choix, vous vous laissez guider par votre instinct, et vous faites forcément les bons choix. J'ai toujours écouté la voix de mon coeur. Et même aujourd'hui, j'explique à ma mère : tu sais maman, ce n'est pas que je n'ai pas voulu t'écouter ou être la fille rebelle. C'est tout juste que pour me rapprocher de la voix divine de Rabi (Dieu), je ne peux pas m'éloigner de moi ! Ma grand-mère avant de mourir m'avait dit cela : diri rayek (fais ce que tu ressens !). Fais ce qu'il y a dans ton coeur ! Fais ce qui est juste ! Et Dieu ne m'a jamais laissé tomber même dans les moments les plus difficiles ! Jamais ! Dieu est en moi, je le vis, je le respire ! Vous êtes une self-made-woman... C'est pas mal cela ! (rire). Je revendique cela complètement ! Devant des choix, l'on ne doit pas avoir peur. Je le dis toujours aux jeunes. Ma grand-mère me disait : celui qui a peur ne fait rien ! J'ai souffert, j'ai eu des épreuves qui m'ont montré et ouvert la route, la voie (voix). Le single et clip « Tous ces mots » est un titre au survoltage et son rock heavy... Dans le texte, je voulais parler du pouvoir des mots. C'est pour cela que je pense que le pouvoir de la prière est très fort. Les mots peuvent déclencher des passions et des choses négatives. Le son rock est de Thierry Gronfier qui a conçu mon album. Justement, on a placé des guitares pour appuyer le pouvoir des mots. Vous voulez être utile, mais pas futile... Voilà ! Complètement ! Se sentir utile, c'est bien, un moment, en tant qu'être humain. Et la rencontre avec Smartzee sur le titre « Tous ces mots »... C'est génial ! J'ai écouté ce qu'il faisait, il préparait des maquettes. Et je me suis dit : j'aimerais bien qu'il pose sa voix sur mes chansons. Cela a smashé tout de suite. C'est un jeune très respectueux des gens. Vous sortez un nouvel album ? C'est un album de 13 titres s'appelant « Nadiya », tout simplement, et où figurent Tous ces mots, Rock, Inchallah, Hamdoulilah. Il sortira en juin prochain. Vous sentez le musc... Eh Oui ! Complètement ! C'est mon parfum préféré !