Le patrimoine est l'héritage du passé dont nous profitons aujourd'hui et que nous transmettons aux générations à venir. Au-delà de la mémoire qu'il lègue à travers les strates de l'histoire, il reste une source de vie et d'inspiration pour la postérité. Si nos sites historiques sont livrés à l'usure du temps, nos musées, eux, n'arrivent pas à drainer un public, excepté lors de vernissages d'expositions organisés au niveau de quelques structures. Il est autant rare de voir nos enfants s'y intéresser. Des enfants qui, à un âge très précoce, sont confiés à la rue, meublant leur quotidien dans des broutilles, en attendant les grandes vacances pour décompresser dans la Grande bleue. Cela ne leur effleure même pas l'esprit d'aller sur les traces de leur histoire, de leurs ancêtres, de leur passé auquel ils s'identifient. C'est normal, dans la mesure où nous autres adultes, ne possédons pas cette culture de fréquenter ces « cimetières des arts », comme disait Alphonse de Lamartine, encore moins susciter et développer ce réflexe curieux chez l'enfant d'aller voir ce qu'abrite un musée. La plupart du temps, nos structures muséales sont pleines de vide, sinon balayées par des ombres furtives. A croire que ces lieux ne sont réservés que pour les touristes venus d'ailleurs. Dans la foulée, très peu d'écoles accordent un chapitre de leur programme pédagogique pour faire bénéficier les gosses de ces espaces. « Je veux bien emmener mes enfants dans les musées, mais le vendredi, les lieux sont fermés », me lance un ami qui n'a pas vraiment tort. Une visite dans des lieux comme le Bardo, le Musée des antiquités, celui des Arts et traditions populaires ou encore la Citadelle, dont les travaux de restauration font du surplace, nous édifie sur l'affluence très timide qui caractérise les lieux. Pourtant, les tarifs d'accès sont symboliques comme dans le Bastion 23 au palais, sis au Palais des raïs. Dans ce dernier qui accueille une exposition de photos intitulée « Algérie, traces de l'histoire », nous fûmes surpris et heureux en même temps, de croiser une escouade de bambins, briser le silence sidéral du site. De joyeux drilles dont les interrogations suscitées à l'endroit de leur guide autour de l'histoire de ce monument étaient fort pertinentes. Une image qui n'interpelle pas moins les chefs d'établissements scolaires à consacrer un créneau à cette frange enfantine pour des sorties aussi agréables qu'utiles.