Arezki Metref vient de présenter, à la galerie Noûn, son dernier ouvrage intitulé Douar, une saison en exil, publié récemment aux éditions Domens. La présentation s'est déroulée dans une atmosphère enjouée. L'exiguïté de la librairie n'a guère dissuadé les quelques habitués à écouter l'intervenant parler de son récit et du contexte ayant précédé à sa publication. L'exil, thème souvent rabâché, retrouve, sous la plume acérée de l'auteur, une autre épaisseur insoupçonnable. Parti « en catastrophe » après l'assassinat de Tahar Djaout, Arezki Meref vivra son exil avec une certaine retenue, avant de se décider à rentrer. « Je suis parti en 1993 sans revenir au pays. Je n'y suis retourné qu'en 2001 », indique-t-il, en affirmant qu'« il n'a rien osé écrire sur l'exil durant toute cette période. Une certaine pudeur et une petite crise de culpabilité m'y ont empêché », a-t-il indiqué. Ce n'est qu'en revenant au bercail qu'il s'y est conséquemment frotté. Selon cet ancien journaliste d'Algérie-Actualité, « de loin, on arrive aisément à mieux voir qu'en étant ici parmi les siens ». Il se développera sur les motivations qui l'ont ramené à écrire cet opuscule de quelque 120 pages qui se lisent d'une seule traite. « Ce qui m'intéresse le plus, c'est le cheminement personnel du petit quidam banni. Cet exercice d'écriture m'a permis de mettre des mots sur les personnages et les situations dans lesquelles ils se meuvent », renchérit-il avec l'emphase qu'on lui connaît sur les colonnes du confrère Le Soir d'Algérie. Arezki s'est refusé à dessiner les contours changeants de l'exil, mais il s'y soumettra au fil de la discussion, à laquelle a pris part un monde chamarré. La problématique de l'exil a pris ainsi le dessus sur le travail romanesque. Aussi, Nacéra Saïdi, maîtresse de cette coquette galerie de l'ex- rue Debussy, fera lecture du passage où « l'intello », une fois en terre d'exil, se bat contre les contrariétés du quotidien, lui qui quêtait « autrefois la justice, la vérité, voire l'absolu ». Elle dira que Metref n'est pas « de ceux qui avaient décidé de tirer vers le bas, mais de ceux qui s'essayent à rebondir » en créant, pour l'exemple, avec Tahar Djaout l'hebdomadaire culturel Rupture. Une expérience innovante, à laquelle l'assassinat de l'auteur de l'Exproprié a mis fin. A une intervenante qui lui reproche de « taper sur ses compatriotes en les dessinant sous des postures quelque peu gênantes », il rétorquera que ce n'est guère son propos. La « haine de soi » n'est pas étrange dans les écrits de quelques gratte-papiers maghrébins qui, pour complimenter le petit monde des intellectuels parisiens dans lequel il débarque, virent tout bonnement leur cuti. L'auteur prolifique ne s'est pas départagé de son rôle de journaliste dans son récit. Preuve en est, les petits raccourcis sentencieux et les petites phrases, dont il s'est fait connaître dans les colonnes de la presse parisienne l'hebdomadaire de gauche Politis.