Un jour, on se réveille et on regarde son pays ; on se promène dans les rues de son enfance ; on va là où on été les toupies, les billes, les ballons ou les songes... Un jour on va là où mènent les légendes personnelles comme dirait Paulo, le frère brésilien. Arezki Metref, journaliste, poète,dramaturge, peintre, écrivant devant l'Eternel vient de publier Douar, une saison en exil chez Domens Edition. Il commence par des mots graves : “Je frôle le péril du reniement.” Il sait déjà que partir, aller “sur le front des départs” va faire mal. Très mal. Il sait aussi que “les choses sont compliquées parce que tout est faux”. Douar n'est pas un roman, c'est un souk, des êtres venus d'un pays blessé, un carrefour, où, subrepticement, des âmes violées sont venues se cacher. Metref est hanté par l'autre. Un personnage sans nom, un tueur, un criminel. Un islamiste. La barbe, voilà le péril. “Je me suis fait couper les cheveux et j'ai laissé pousser la moustache [... Le sale type ne me reconnaîtra jamais comme ça.]. Lui a fui. Derrière, il a laissé désastre et clameurs. Paris. Une ville à vivre. À aimer ou à haïr. Encore un monde à construire.” Arezki Metref pose la première pierre de son monde à venir aux "argonautes", un bistrot du XXe, la France authentique. Là des destins tourmentés, vagues, glauques, multiples sûrement, se sont croisés. L'auteur leur a prêté un œil et surtout l'oreille. Il fonce dans l'histoire, il va vers les petitesses et les grandeurs. Il narre les yeux de l'autre, la secrétaire de la préfecture, la conseillère du conseiller. Il raconte l'inutile qui mène vers le baissé de rideau triomphal. Douar est un petit livre de 123 pages qui fait peur. Qui fait jouir. Meziane Ourad Douar, une saison en exil d'Arezki Metref, Editions Domens.