De nouvelles substances nocives ont fait leur apparition sur le «marché» des drogues. La maison de la culture Ali Zamoum de Bouira a accueilli jeudi dernier une journée d'information et de formation au profit des professionnels de la santé. Le thème abordé lors de cette journée est la toxicomanie. Lors de son allocution, Dr Boughermouh Y, maître de conférences à l'EHS de Blida a fait le tour du fléau de la toxicomanie en Algérie. «C'est un véritable problème de santé publique où de nouvelles substances ont fait leur apparition. La tranche juvénile de la société est de plus en plus touchée par la toxicomanie. Les adolescents sont pris pour cible par les revendeurs qui profitent de leur faiblesse», dira-t-il. Selon lui, les toxicomanes ayant un niveau scolaire moyen sont les prédominants, la plupart vivent avec leurs parents et sont sans emploi. La plupart des toxicomanes ont touché à la drogue vers la tranche d'âge allant de 16 à 20 ans. Le nombre des personnes toxicomanes ne cesse d'évoluer en Algérie. Les statistiques avancées par le conférencier le démontrent. L'on compte 30 200 Algériens qui se droguent, un chiffre alarmant. 11 234 de ces personnes ont été désintoxiquées en 2010. La tranche d'âge des consommateurs de cannabis tourne autour de 12 à 35 ans. 0,38 % de la population consomme des substances psychotropes. La consommation des drogues au niveau des universités est de l'ordre de 2,40 % de l'ensemble des étudiants. Dr Boughermouh donne le chiffre de 80 tonnes de cannabis ayant été saisies en 2010. Quant au chiffre d'affaire du commerce illicite de la drogue, celui-ci est estimé à des centaines de milliards de dinars. 14% des 5381 cas de VIH en Algérie sont des usagers de la drogue. Selon lui : «l'historique de la consommation de la drogue se limitait au milieu artistique avant l'indépendance. Après l'indépendance, et avec l'exacerbation des fléaux sociaux, la consommation des drogues a pris une nouvelle tournure importante qui ne cesse de progresser». Le toxicomane est avant tout, signale les spécialistes lors de cette journée, est un sujet prisonnier de sa biologie. Le toxicomane sombre dans la geôle de la dépendance. Abordant le sujet de la toxicomanie chez la tranche juvénile, Dr Djeridane, médecin coordinateur à l'EPSP de Bouira, estime que l'usage de la drogue chez l'adolescent s'étend sur 4 stades. La contamination, l'usage occasionnel, l'usage habituel, et enfin le stade final qui est la toxicomanie invétérée. Chaque étape est caractérisée par des changements comportementaux et une désocialisation de l'adolescent. «Le relâchement de l'autorité parentale, le manque du contrôle des autorités, l'imitation des Occidentaux, sont mis à l'index en ce qui concerne la toxicomanie des adolescents», explique Dr Djeridane. Le processus de la guérison de la toxicomanie est difficile et long puisqu'il n'existe aucun médicament capable de guérir la dépendance, affirment les conférenciers. Le traitement en usage actuellement passe par 3 phases. Le sevrage physique, en deuxième lieu la restructuration psychologique, et enfin la phase de préparation à l'insertion sociale. La prise en charge des personnes toxicomanes se fait dans les centres intermédiaires de soins aux toxicomanes (CIST). Le premier centre de désintoxication a été créé en 1996 au CHU Frantz Fanon de Blida. L'on annonce la construction de plus de 50 autres CIST au niveau national.