Transparency International a rendu publics, hier, les résultats d'une vaste enquête d'opinion sur la corruption dans le monde. Ce «baromètre mondial de la corruption» révèle qu'une personne sur deux dans le monde estime que «la corruption s'est aggravée au cours des deux dernières années». Ils ont été 57% d'Algériens à dire que le niveau de corruption a «beaucoup augmenté en Algérie» ces deux dernières années. Interrogés par les enquêteurs sur les secteurs les plus touchés par la corruption, les Algériens sondés ont apporté leur évaluation ; ils ont été 74% à dire que le monde des affaires et les entreprises sont les plus touchés par la corruption ; 72% estiment que la justice est l'institution la plus affectée par la corruption, et 67% considèrent que les partis politiques sont aussi touchés par ce phénomène. En outre, 62% des Algériens pensent que les dernières législatives ont été entachées de fraude et 52% jugent que l'armée est corrompue ; 66% affirment que la police est affectée par le phénomène de corruption, alors que 62% mettent les officiels, fonctionnaires et hautes autorités publiques dans la case des corrompus. 58% des sondés accusent les services de santé de connaître la corruption et ils sont 62% à estimer que l'éducation nationale n'est pas indemne. 47% estiment par ailleurs que les organisations non gouvernementales sont touchées par ce phénomène contre 45% qui pensent que les médias aussi en sont affectés. Ce sondage fait à l'échelle mondiale et brassant 107 pays révèle aussi que 40% des Algériens sondés reconnaissent avoir payé un pot-de-vin à la police, 33% à l'avoir versé aux services de la justice, 39% aux services des impôts, 38% aux services agricoles, 21% pour avoir le permis, 19% pour un service dans le secteur de l'éducation, 16% pour les services de santé et 10% pour les services publics. Répondant à la question de savoir si les citoyens sont à même de contribuer à la lutte contre la corruption et y mettre fin, les sondés parmi la population algérienne ont été 53% à dire «oui» (à raison de 38% à approuver et 15% à l'approuver fortement), contre 47% à dire «non» (à raison de 27% qui désapprouvent fortement et 20% qui désapprouvent). A noter que l'enquête menée par Transparency International, la plus vaste du genre à l'échelle mondiale, souligne que dans de «très nombreux pays, les citoyens ne font plus confiance aux institutions censées lutter contre la corruption et contre les autres formes de criminalité. La police est considérée comme l'institution la plus corrompue dans 36 pays au sein desquels 53% des citoyens se sont vu réclamer des pots-de-vin par la police. La justice est considérée comme l'institution la plus corrompue dans 20 pays, au sein desquels 30% des citoyens ayant été en contact avec le système judiciaire se sont vu réclamer des pots-de-vin». La présidente de Transprency International, Huguette Labelle, estime que «la pratique des pots-de-vin reste très courante dans le monde, mais les populations savent désormais qu'elles ont le pouvoir de mettre fin à la corruption ; nombreuses sont les voix qui s'élèvent aujourd'hui contre les abus de pouvoir, les transactions secrètes et les pots-de-vin».