70% des Africains ont indiqué que les pots-de-vin affectent directement leur vie privée. L'engagement des gouvernements dans la lutte contre la corruption n'est pas agissant. C'est du moins ce qui ressort du dernier sondage d'opinion, réalisé par Transparency International dans 62 pays. L'ONG anticorruption a dressé, à travers ce sondage, un tableau des plus alarmants sur l'enracinement du phénomène au sein des appareils étatiques. 69% des personnes interrogées estiment que les gouvernements ne font pas assez d'efforts pour éradiquer le fléau. Pis encore, 15% d'entre les sondés, considèrent que les gouvernements «encouragent la corruption». Les résultats de cette étude, rendue publique jeudi à Bruxelles, varient, bien évidemment, d'un continent à l'autre, mais le hic réside dans le fait que les estimations des personnes sondées ne reflètent pas parfaitement la réalité de chaque pays. C'est dans les pays classés «très corrompus» que les personnes interrogées estiment que les pouvoirs publics font de leur mieux pour éradiquer le mal. Au moment où 75% des sondés en Amérique du Nord et 70% en Europe occidentale, considèrent «inefficace», la lutte menée par leurs gouvernements contre la corruption, le sondage fait ressortir que 43% des Africains interrogés, jugent, comble du paradoxe, les efforts de leurs gouvernants efficaces, voire très efficaces. A titre d'exemple, en République démocratique du Congo (RDC), classée à la 156e place sur 163 pays lors du classement 2006, pas moins de 59% des personnes interrogées, jugent la lutte contre la corruption efficace chez eux, contre 40% qui pensent le contraire. Le paradoxe atteint son paroxysme dans ce baromètre mondial de la corruption, quand 36% des Africains sondés ont avoué avoir eu recours à des pots-de-vin dans les 12 mois précédant l'étude. Ce chiffre tombe à 9% pour l'ensemble des 59.661 personnes interrogées à travers les 62 pays, à 17% pour l'Amérique latine, à 7% pour l'Asie et à 2%, seulement, pour l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord. Cette étude réalisée par l'Institut Gallup International, dévoile que les partis politiques et les Parlements, les milieux d'affaires, le système judiciaire et la police ainsi que les services des impôts et les médias, sont les secteurs d'activité les plus gangrenés par la corruption. Concernant le continent africain, 70% des personnes interrogées ont indiqué que les pots-de-vin, affectent directement leur vie privée. Les citoyens de la majorité des pays africains, sont contraints de verser des bakchichs pour pouvoir bénéficier d'un service public tel que les soins médicaux, l'électricité, ou encore, pour le retrait d'un banal document administratif. Ce dernier coûte en moyenne, 50 dollars US qu'on verse à l'agent de l'administration alors que les pots-de-vin, versés aux sociétés publiques sont à la hauteur de 6 dollars. Il y a lieu de souligner, par ailleurs, que l'Algérie ne figure pas parmi les 62 pays touchés par ce baromètre établi par TI. L'ONG a indiqué, à cet effet, que l'institut Gallup ne dispose pas de bureau dans notre pays. Pour rappel, dans le classement de 2006 consacré à l'indice de perception de la corruption (IPC), l'Algérie avait été classée à la 84e place sur un total de 163 pays, et ce, après avoir été au 99e rang en 2005.