Les violences confessionnelles en Irak risquent d'entraîner le pays dans une guerre civile. L'Union européenne estime le nombre d'Irakiens tués depuis le mois d'avril à plus de 2500. Les dernières attaques remontent à samedi dernier et ont fait 22 victimes. Le raid le plus meurtrier s'est produit dans le quartier de Doura, au sud de Baghdad, où l'explosion d'une bombe placée sur le bord d'une route, près d'un café, a tué neuf personnes. Au nord de Baghdad, cinq personnes, quatre civils et un policier, ont trouvé la mort lorsqu'un kamikaze a fait exploser une voiture piégée contre une tente où des chiites organisaient une réception à l'occasion d'une cérémonie funéraire. Dans d'autres actes de violence, deux personnes ont été tuées et cinq blessées dans un quartier chiite de Mouqdadiya, au nord-est de la capitale, par l'explosion d'un engin piégé. Quatre autres ont été blessées par l'explosion d'une seconde bombe peu de temps après. A Madain, au sud de Baghdad, une bombe placée sur le bord de la route a atteint des jeunes hommes qui s'adonnaient à un jeu populaire en ce mois de Ramadhan, tuant deux d'entre eux et blessant au moins sept autres. Ces séries d'attentats viennent s'ajouter à ceux de la semaine dernière qui ont provoqué pas moins de 25 morts dans les différentes villes du pays. Ce regain de violences que connaît l'Irak depuis le début de l'année 2013 s'expliquerait par le lancement du mouvement de contestation sunnite contre le Premier ministre chiite Nouri Al Maliki. Les sunnites lui reprochent son communautarisme et sa détermination à les écarter du politique. Les groupes radicaux – qui seraient ralliés à Al Qaîda – réagissent quant à eux aux provocations d'Al Maliki à l'encontre des sunnites par des attentats à répétition visant les communautés chiites. Depuis l'invasion américaine en 2003, l'Irak a connu des changements incontestables. Un pays jusqu'alors dominé par un gouvernement sunnite se voit passer sous domination chiite, qui représente plus de la moitié de la population. Les Kurdes, longtemps oppressés par le gouvernement de Saddam, se sont vu créer une région autonome au nord de l'Irak. Ces bouleversements internes que connaissent les Irakiens ramènent en surface les vieilles rivalités intercommunautaires et interethniques qui se traduisent souvent par des violences. Dans un pays marqué par les conflits à répétition tel que l'Irak, l'enjeu principal, aujourd'hui, est le partage du pouvoir entre les différentes communautés.