L'ONU estime que l'Irak est «prêt à exploser» et à renouer avec le conflit confessionnel des années 2006-2007. L'Irak est tombé depuis quelques mois dans une spirale de violences qui font craindre un conflit confessionnel ouvert. Pas plus loin qu'hier, 25 personnes ont péri dans une série d'attaques ciblant les forces de sécurité et la majorité chiite. Au total, 10 véhicules piégés ont explosé à une heure de pointe dans huit villes chiites du sud du pays, faisant une centaine de blessés et 23 morts, selon des responsables médicaux et de sécurité. Trois policiers ont également été tués par balle près de la ville majoritairement sunnite de Mossoul (nord). Dans le nord de l'Irak, trois policiers ont également été abattus par balle près de la ville majoritairement sunnite de Mossoul et une bombe, sur la route, a tué deux personnes à Touz Khourmatou. Aucun groupe n'a revendiqué ces attaques, mais des groupes sunnites liés à Al Qaîda mènent régulièrement des attaques coordonnées de ce type contre les chiites, qu'ils considèrent comme des apostats. Les attentats les plus meurtriers ont visé Kout et Aziziyah. A Kout, à 160 km au sud de Baghdad, l'explosion d'une voiture piégée a tué 7 personnes et en a blessé 15 autres devant un restaurant, situé au cœur d'une zone industrielle où des automobilistes viennent faire réparer leurs véhicules. Une autre voiture piégée a explosé près d'une mosquée chiite et du marché principal de Aziziyah, faisant 5 morts et 10 blessés. La force de l'explosion a retourné plusieurs véhicules. Dans la ville portuaire de Bassora, un double attentat à la voiture piégée a tué 5 personnes, dont un artificier qui tentait de désamorcer l'une de ces voitures. Cinq autres personnes ont péri dans des attaques à Nassiriyah, Mahmoudiyah, Najaf, Madain et Jbela. En menant ce type d'attaques, les groupes armés sunnites liés à Al Qaîda cherchent à décrédibiliser les autorités, dominées par les chiites, et à saper la confiance des habitants dans les forces de sécurité. Ces groupes s'en sont aussi déjà pris à leurs coreligionnaires sunnites, dans l'espoir de susciter un esprit de revanche et de nouvelles violences contre des chiites. L'Irak connaît depuis le début de l'année un regain de violences qui va en parallèle avec la mobilisation sunnite contre le gouvernement. Les sunnites réclament le départ du Premier ministre chiite Nouri Al Maliki ainsi que la fin de la discrimination dont ils s'estiment victimes. Ils jugent notamment excessive la façon dont la justice et les forces de sécurité utilisent l'arsenal législatif antiterroriste à leur encontre. En mai, plus de 1000 personnes ont péri dans des attentats, le mois le plus meurtrier depuis 2008, selon les Nations unies. Leur représentant dans le pays, Martin Kobler, a estimé que l'Irak était «prêt à exploser» et à renouer avec le conflit confessionnel des années 2006-2007. Au mouvement de grogne sunnite s'ajoute une paralysie totale des rouages politiques qui attise les ardeurs des insurgés, selon les observateurs et les analystes. Au tout début du mois, M. Al Maliki et la plupart des leaders politiques et religieux du pays, dont son rival le président sunnite du Parlement, Oussama Al Noujaïfi, avaient participé à une grande rencontre pour tenter d'apaiser les tensions. Mais, au-delà de la symbolique, la réunion n'avait pas permis de parvenir à un accord.