Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, fait le forcing auprès de Mohamed Abbas. Ghaza De notre bureau Le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'est longuement entretenu, mardi soir à Amman, la capitale jordanienne, avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Le responsable américain y était venu relancer les discussions palestino-israéliennes suspendues depuis 2010. C'est la 6e visite du chef de la diplomatie américaine dans la région depuis son installation en février dernier. Les cinq visites précédentes n'ont pas permis de percer dans le dossier à cause du refus israélien de l'arrêt de la colonisation dans les terres palestiniennes occupées en 1967. Dans une déclaration à la presse, Nabil Abou Roudeina, le porte-parole de la présidence palestinienne, a confié que les discussions de mardi soir, ayant duré cinq heures, se sont proposées d'«étudier toutes les questions qui peuvent contribuer à créer une atmosphère propice à la reprise des négociations». «Le président Abbas a rappelé à M. Kerry les constantes de la position palestinienne et arabe qui se résument en la création d'un Etat palestinien indépendant avec la ville sainte d'El Qods comme capitale», a ajouté Abou Roudeina. De son côté, le chef de la diplomatie américaine a réaffirmé l'engagement du président Barack Obama en faveur de la création d'un Etat palestinien dans le cadre de la solution à deux Etats. Tel-Aviv nargue Kerry Le secrétaire d'Etat américain devrait même annoncer, avant de quitter demain la région du Proche-Orient, un plan susceptible de relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes, suspendues depuis près de trois ans. M. Kerry «est déterminé à annoncer avant son départ vendredi la reprise des négociations», a affirmé, hier, un responsable palestinien. «Il y a eu des progrès dans les réunions avec Kerry après qu'il eut présenté hier (mardi) son initiative au président Mahmoud Abbas à Amman», selon ce responsable qui n'a pas donné plus de précisions sur le plan américain. A son tour, le porte-parole de la présidence palestinienne a fait savoir que le président Abbas ne prendra de décision finale quant à la reprise des négociations avec les Israéliens qu'après avoir consulté les instances dirigeantes palestiniennes, dont le comité central du Fatah et le comité exécutif de l'OLP, qui se réuniront aujourd'hui à Ramallah en Cisjordanie occupée. Une délégation de la Ligue arabe présidée par son secrétaire général, Nabil Al Arabi, qui a lancé une initiative en 2002 visant à la reconnaissance de l'Etat hébreu par l'ensemble des pays arabes contre son retrait de tous les territoires occupés en 1967, a aussi rencontré, hier, John Kerry à Amman. Malgré l'optimisme de circonstance ambiant, le chef de la diplomatie américaine aura tout de même fort à faire avec le gouvernement israélien et son Premier ministre, Benyamin Netanyahu, qui refusent catégoriquement les exigences palestiniennes de la nécessité de l'arrêt de la colonisation, de discuter sur les bases des frontières du 4 juin 1967 et de se référer aux décisions des Nations unies avant toute reprise des négociations. Et qui ne veulent tout simplement pas entendre parler des «conditions» posées par les Palestiniens pour s'asseoir à la table des discussions. Ainsi, pour Netanyahu, ce sont des conditions préalables «inacceptables». Le gouvernement israélien, comme à chacune de ses visites dans la région, a d'ailleurs commencé à mettre les bâtons dans les roues du responsable américain en décidant de construire plus de 1000 nouveaux logements dans une colonie située près de Ramallah. En cette période de grands troubles dans le Monde arabe, et alors que la question palestinienne ne semble plus être une priorité, la partie palestinienne se retrouve très fragilisée… pour ne pas dire en position de faiblesse. Les pressions israélo-jordaniennes pourraient cette fois aboutir. Une reprise des négociations sans une satisfaction totale des exigences palestiniennes n'est d'ailleurs plus à écarter.