Amnesty International réclame urgemment une enquête sur les «mauvais traitements» réservés aux partisans de Morsi lors des arrestations. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé, hier à son arrivée au Caire, le gouvernement de transition égyptien à un retour rapide au processus démocratique. Même si les Etats-Unis ont clairement pris option pour le nouveau régime issu du coup d'Etat militaire contre le président Morsi, ils ne semblent pas donner un chèque en blanc au général Al Sissi et consorts. C'est en tout cas ce que suggère la petite phrase du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, hier, à partir de Amman (Jordanie). Tout en se disant «inquiet des arrestations politiques», M. Kerry a souligné qu'il était «beaucoup trop tôt pour faire des déclarations ou juger dans quelle direction (l'Egypte) va aller». Les diplomaties occidentales restent prudentes Le moins que l'on puisse déduire est que Washington n'arrive pas à se faire une idée claire sur la suite des événements en Egypte. John Kerry est certes convaincu que «l'ordre, de façon très claire, doit être restauré, la stabilité doit être restaurée, les droits doivent être protégés (...) et le pays doit être capable de reprendre le cours normal des choses». Mais la situation sur le terrain caractérisée par la poursuite des manifestations par milliers et la vague d'arrestations des leaders des Frères musulmans, l'incite à être prudent. Deux jours auparavant, le secrétaire d'Etat adjoint américain, William Burns, n'a pas caché son inquiétude face aux opérations musclées des nouvelles autorités contre les chefs du Parti de la liberté et la justice de Morsi. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a, elle aussi, appelé hier le gouvernement de transition égyptien, à son arrivée au Caire, à un «retour rapide au processus démocratique».Catherine Ashton a dû voir le spectacle d'un millier de partisans du président déchu, Mohamed Morsi, massés à proximité du siège du gouvernement où elle était reçue à la mi-journée. Les Frères musulmans ont, en effet, signifié qu'ils ne reconnaissaient «ni légitimité ni autorité» à ce gouvernement qu'ils accusent d'avoir été installé à la faveur d'un coup d'Etat militaire contre le premier président librement élu. Bruxelles sur les traces de Washington Leurs sympathisants ne quittent plus les places du Caire depuis le renversement du raïs islamiste. La chef de la diplomatie européenne a été notamment reçue par le président par intérim, Adly Mansour, ainsi que par M. Beblawi, mais aussi le nouvel homme fort du pays, le chef de l'armée, vice-Premier ministre et ministre de la Défense, le général Abdelfattah Al Sissi. Une visite qui s'apparente à un adoubement de l'Europe du nouveau régime en Egypte qui marche ainsi sur les traces des Etats-Unis. Mme Ashton a également prévu des entretiens avec le mouvement Tamarrod – à l'origine des manifestations qui ont précédé l'éviction de M. Morsi – et le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, selon des sources diplomatiques. Rappelons que le gouvernement, qui a prêté serment mardi, est constitué exclusivement des composantes de l'opposition laïque qui a aidé à faire tomber le président Morsi. Les Frères eux ne le reconnaissent pas. Ils préfèrent manifester dans la rue, caressant l'espoir fou de revoir Morsi à la présidence. Pendant ce temps, ce dernier est encore dans un lieu tenu secret, alors que le guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie, fait l'objet de recherche. L'ONG Amnesty International a, d'ailleurs, critiqué hier l'attitude des nouvelles autorités face aux manifestants pro-Morsi, relayant des accusations de mauvais traitements (coups, chocs électriques) à la suite de leur arrestation. L'ONG a appelé à l'ouverture «urgente» d'une enquête.