Trente ans après sa promotion au rang de commune, Taguelait n'a pas bénéficié d'un seul logement, alors que le chômage bat son plein parmi la population. Nichée à plus de 1 300 m d'altitude, connue particulièrement pour ses vignes et ses grenadiers, Taguelait est une commune située à 50 km à l'extrême sud de Bordj Bou Arréridj. Son territoire présente pour la plupart un relief montagneux, peuplé par dix mechtas vivotant dans un dénuement total, dont une totalement abandonnée. La menace terroriste était à l'origine d'un flux migratoire. Des centaines de familles avaient fui leurs maisons et leurs terres pour s'installer dans les agglomérations limitrophes à l'instar de Ras El Oued et Bellimour. Pour rejoindre Taguelait, il faut emprunter le CW 42 qui dessert les communes de Bordj Ghedir, Ghailassa et également Barhoum, dans la wilaya de M'Sila. A peine le visiteur foule le sol de cette commune, il découvre une piste dans un piteux état sur une distance d'environ 6 km. «Un projet pour réhabiliter ce tronçon a été attribué il y a plus de deux ans, mais les travaux avancent lentement», estime un habitant. Un autre abonde dans le même sens non sans ironiser : «le projet du siècle pénalise lourdement la région qui subit de plein fouet les conséquences des retards accumulés». Inutile de parler du chômage puisque les opportunités de travail sont inexistantes. Seuls les postes affectés dans le cadre des différents dispositifs d'aide continuent de maintenir en vie des familles, loin de les sortir du giron de la misère. Pas de logement social Trente ans après sa promotion au rang de commune, Taguelait n'a pas bénéficié d'un seul logement. Il semble selon les dires des responsables locaux que le foncier fait défaut. Un subterfuge rejeté en bloc par les habitants. «Certes, il y a un engouement pour l'habitat rural et l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour encourager cette formule, mais il y a des gens qui ne peuvent pas en bénéficier faute d'un lopin et qu'il faut les reloger», précisent-ils. Effectivement, il nous a été donné de constater de visu les conditions inhumaines d'habitat de certaines familles, dans des gourbis qui rappellent l'époque coloniale. Les quelques opérations lancées dans le cadre de l'aménagement urbain sont loin d'embellir le chef-lieu qui n'est pas encore doté d'infrastructures lui donnant le statut d'une commune digne, hormis le siège de l'APC et un centre de soins. Une bâtisse sans âme, loin de répondre aux ambitions de la population en matière de santé publique. «Notre commune recèle des potentialités non négligeables dans le secteur du tourisme de part son massif forestier et ses sites paradisiaques, malheureusement les responsables n'ont pas su valoriser cette espace susceptible de drainer des centaines de familles dans le cadre de la promotion du tourisme rural», dira un membre de l'APC. D'autres problèmes nous ont été soumis par les habitants, notamment l'indisponibilité du gaz de ville. «Les travaux de raccordement de la commune au réseau sont en cours», nous dit-on.