L'opinion publique s'offusque et n'en finit plus de s'indigner à propos de la détresse qui touche un grand nombre de jeunes gens. La colère est légitime. Chômage, désœuvrement, précarité. Tant de plaies purulentes qui poussent au désespoir. La presse quotidienne informe, renseigne et sensibilise sur une réalité amère, avec l'espoir de voir, un jour, ce calvaire dissipé. Mais il y a une autre catégorie de personnes qui vivent, elles aussi, des situations extrêmement pénibles. Il s'agit, en l'occurrence, de tous ces vieillards presque paralysés par un âge très avancé. Franchement, leur existence est faite de tourments, de souffrance intérieure, d'impuissance à effectuer les gestes et faits de la vie quotidienne les plus élémentaires. Il faut les observer pour s'en rendre compte. Descendre ou remonter quelques étages, relève de l'épreuve de force. L'inaptitude est réelle. Que d'efforts pour se déplacer quelques centaines de mètres. Ils vivent reclus et enfermés dans leur demeure. Une telle impotence affaiblit leurs ressources mentales, accroît leur mauvaise humeur. Il y en a même qui perdent le goût de la nourriture, dorment peu. Le propos n'est pas de provoquer des sentiments d'apitoiement, de pitié à leur égard mais de rappeler un vécu pénible mais néanmoins non médiatisé. La pudeur et la discrétion font leur œuvre. Elles contraignent la personne âgée à subir dans le silence un sort peu enviable. Dès lors, au vu de la situation, on mesure le fossé qui nous sépare de certaines sociétés qui ont tissé un réseau de prise en charge des personnes âgées tant sur les plans médical que psychologique. Nous avons cru à tort que les services d'aide aux gens âgés sont presque un luxe et un caprice de sociétés aisées. Rien de plus faux et insensé. Un gérontologue efficace, un gériatre compétent peuvent soulager bien des maux, faire l'économie de bien des souffrances surtout morales. Au fait, de combien de spécialistes disposons-nous dans les métiers de gériatre et de gérontologue. Le nombre pourrait bien nous valoir quelques motifs de déception.