On connaît les réticences et les aversions presque invincibles qui empêchent de soulever la couverture et de mettre le doigt sur des réalités accablantes. Le dogme de « l'infaillibilité » impose le silence, le secret. C'est un choix. Mais il est trompeur, car il ne résiste jamais à l'épreuve du feu. Tant il est vrai que les anguilles ne peuvent pas se mouvoir longtemps sur l'herbe. L'univers du crime, de la dépravation, des délits qui hante les murs de la capitale, émerge, transparaît comme par effraction et vous saute au cou avec l'agilité du félin à l'occasion de quelque événement ou célébration. La caméra, pour sensibiliser ou informer le citoyen sur des plaies purulentes, choisit de se mouvoir à l'intérieur du ventre d'Alger. A peine lâchée, la machine saisit des scènes souvent choquantes de la déchéance ordinaire. La force publique traque le délit et il faut compter sur les formidables ressources de la pauvreté, de la précarité, de l'exclusion, de la perte du sens et des repères pour en faire tout le tour. C'est la descente dans les arcanes du crime avec la drogue, les stupéfiants, les agressions à l'arme blanche, le squatt sauvage des immeubles vétustes, la prostitution, les fugues, les vols et cambriolages. Et la liste est loin d'être exhaustive. Une subite manifestation de franchise et de lucidité nous oblige à voir et à entendre ce que l'on sait déjà et depuis belle lurette. La fournaise sévit et elle n'a rien de poétique. Loin s'en faut. La force publique rassure et réconforte. Elle ne badinera pas avec tous ces convois de la dépravation et les combattra sans rémission. Encore faut-il penser à traiter également les problèmes en incluant tous les paramètres visant à frapper le mal à la source. L'amélioration des conditions de vie du citoyen, l'emploi, l'éradication du chômage, les loisirs et le retour du sens civique ne seront jamais inutiles en de telles circonstances.