Inscrit depuis des années par l'ONU sur la liste des terroristes, Mokhtar Belmokhtar, dit Abou Al Abbas ou encore Belaouer (le Borgne), vient d'être mis en accusation par la justice américaine dans le cadre de l'attaque contre le site gazier de Tiguentourine, à In Amenas, qui a fait 35 morts dont trois Américains. L'annonce a été faite, vendredi dernier, par un communiqué de la cour fédérale de Manhattan, à New York, diffusé sur le site web du FBI. «Preet Bharara, procureur des Etats-Unis pour le district sud de New York, John Carlin, le sous-procureur général intérimaire pour la sécurité nationale, George Venizelos, directeur adjoint chargé du bureau extérieur de New York du FBI (Bureau fédéral d'investigation) et Raymond W. Kelly, le commissaire de la police de la ville de New York», annoncent le dépôt de l'accusation contre Mokhtar Belmokhtar pour «sa participation présumée dans l'attaque terroriste, en janvier 2013, contre les installations de transformation, près d'In Amenas, Algérie, qui a tué trois Américains et des dizaines de ressortissants algériens et étrangers», lit-on sur le site, qui révèle que trois des terroristes impliqués dans la prise d'otages et arrêtés par les services de sécurité «étrangers» (algériens) ont été interrogés par des agents d'application de la loi des Etats-Unis. Le communiqué fait état de huit chefs d'accusation, «notamment de complot pour fournir un soutien matériel à Al Qaîda et à Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), la prise d'otages, d'enlèvement de personnes protégées internationalement et de complot pour utiliser une arme de destruction massive», passibles de la peine capitale et de la prison à vie. Cette plainte avait été déposée le 26 février 2013 «auprès de la cour fédérale de Manhattan et elle a été modifiée pour inclure plusieurs autres accusations». Le communiqué précise : «Belmokhtar a été désigné, en 2003, comme terroriste étranger par le département du Trésor des Etats-Unis. En tant que leader-clé des efforts d'Al Qaîda en Afrique du Nord de 2008 jusqu'au début de 2013, Belmokhtar a orchestré des attaques terroristes impliquant l'enlèvement et l'assassinat de nombreuses personnes. Comme appui d'Al Qaîda, il a agit sous l'égide d'AQMI, de la brigade Al Mulathamin et du bataillon formé récemment, les Signataires par le sang.» En décembre 2008, Belmokhtar et d'autres, agissant sous sa direction, ont enlevé deux diplomates occidentaux qui travaillaient au Niger dans le cadre d'une mission des Nations unies. Les victimes ont été détenues pendant environ quatre mois, puis libérés au Mali. Début décembre 2012, Belmokhtar avait annoncé la formation du bataillon les Signataires par le sang, identifié l'émir du groupe Ayman Al Zawahiri, le chef d'Al Qaîda, et a appelé au combat en Algérie et ailleurs pour s'opposer à l'influence occidentale. Quelques semaines plus tard, Belmokhtar a publié une autre déclaration, enregistrée sur bande vidéo, dans laquelle il a confirmé que le bataillon était dans l'organisation Al Qaîda. Trois des preneurs d'otages impliqués dans le siège ont été arrêtés et détenus par les autorités étrangères et plus tard, interrogés séparément par les agents d'application de la loi des Etats-Unis. Les preneurs d'otages ont «chacun reconnu leur appartenance à un groupe d'Al Qaîda, dont Belmokhtar était émir et indiqué qu'ils avaient reçu une formation militaire dans un autre pays avant de se rendre en Algérie pour mener l'attaque au nom d'Al Qaîda». Le procureur général adjoint par intérim pour la sécurité nationale, John Carlin a précisé : «Les charges soulignent l'engagement du ministère à traduire en justice les responsables d'attaques contre les Américains et les intérêts américains, peu importe où ils se produisent.» George Venizelos, directeur adjoint du FBI, a affirmé : «Les accusations contre Belmokhtar décrivent un djihadiste fanatique conduisant une organisation extrémiste d'une idéologie extrémiste. Il a enlevé les diplomates, constitué sa propre organisation terroriste qui a fait allégeance à Al Qaîda et a orchestré le siège meurtrier d'une usine civile en Algérie.» Le document annonce que département d'Etat des Etats-Unis, offre une récompense de 5 millions de dollars pour toute information menant à l'emplacement de Belmokhtar, considéré comme étant «toujours en fuite».