George Habbache n'était pas seulement une des figures marquantes de la résistance palestinienne. C'était aussi un homme de raison qui savait prendre acte de ses échecs politiques. Il était opposé au processus de paix initié à Madrid en 1991, mais n'a jamais joué les va-t-en guerre ou les opposants irréductibles. Il a mis de côté un slogan devenu célèbre - « La révolution jusqu'à la victoire » - pour lui substituer un autre - « L'unité jusqu'à la victoire ». Et les Palestiniens qui font face aujourd'hui à une féroce adversité en ont bien besoin. Qu'on en juge. Le Premier ministre israélien est déterminé à tracer unilatéralement les frontières d'Israël et par extension celles du futur Etat palestinien, sans tenir compte des règles de droit en la matière, et plus précisément des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui l'incarnent. Il y a une réelle concomitance, puisqu'il est établi que le sentiment de frustration des Palestiniens a été exacerbé de l'extérieur, et la défaite électorale du mouvement Fatah était recherchée pour justifier une situation de blocage qui dure en réalité depuis octobre 2001, et même bien avant, puisque les différents gouvernements israéliens, y compris les travaillistes, avaient refusé d'honorer leurs engagements internationaux et d'appliquer l'accord d'Oslo. Le sentiment de complot tend à se renforcer quand on voit le monde presque se féliciter des décisions israéliennes, ou, dans le pire des cas, les passer sous silence. Mais à l'inverse, les Palestiniens sont mis sous pression pour appliquer ce qui a été tué, et les amener à s'entretuer. Les affrontements armés entre les militants du Fatah et ceux du Hamas ne régleront pas le fond de la question. Ils donneront tout juste une image de populations que l'on s'empressera de qualifier d'ingouvernables, autre prétexte pour leur refuser certains instruments de souveraineté, si jamais un Etat palestinien venait à voir le jour. Sauf l'usage de la force entre Palestiniens, bien entendu. C'est le moment d'appliquer le choix de George Habbache, ce vieux militant qui, de son vivant, n'était pas aussi inflexible qu'on le disait. Sauf en ce qui concerne la lutte pour les droits nationaux du peuple palestinien. Non négociables, disait-il.