Si les soldes sont l'occasion, pour la plupart des marques dans le monde, de réaliser une grande partie de leur chiffre d'affaires. En Algérie, ce concept n'existe pas. Les soldes d'été 2013 ont débuté depuis une semaine, à Alger, pour une durée de cinq semaines. Si les soldes d'hiver se sont caractérisés par une certaine satisfaction de la clientèle, ceux d'été ont été une véritable catastrophe. Il suffit de faire une petite virée à travers les grandes artères de la capitale pour constater que les magasins sont peu nombreux à être passés à l'heure des soldes. En effet, seule une minorité de commerçants ont tapissé leur vitrine de grandes affiches colorées, où l'on peut lire : «Réductions allant de 20 à 70%». Cette première démarque est loin de répondre aux attentes de la clientèle potentielle, surtout féminine. Quelques magasins seulement de marques locales dévoilent leurs dernières collections, soigneusement rangées sur des étagères, ou encore dans une penderie. Les prix affichés, pour les articles de femmes, hommes ou enfants, sont exorbitants. La plupart des magasins sont boudés. Certains clients rentrent par curiosité pour découvrir les articles, d'autres se lancent dans des essayages sans pour autant acheter le vêtement en question. En témoignent ces maillots pour enfants proposés à 1400 DA, ou ces robes en toile, pour fillettes, vendues à 2800 DA. Même constat pour les grandes marques de chaussures de sport étrangères et chez les franchises faisant dans les baskets anti-transpirantes. Pour une bonne paire de baskets de marque les prix oscillent entre 7000 DA et 14 000 DA. Certains accessoires de sport sont même proposés à des prix qui donnent le tournis. Rencontrée sur les hauteurs de la rue Didouche Mourad, une mère de famille ne cache pas sa déception et son désarroi devant ces soldes 2013. «Je suis déçue. Je pensais, en toute sincérité, que l'Algérien avait acquis le réflexe des soldes, mais là c'est le gain facile qui prime. Je voulais profiter de cette aubaine pour acheter les vêtements de l'Aïd pour mes enfants. C'est peine perdue. J'ai arpenté presque tous les quartiers de la capitale, mais en vain», confie-t-elle. Une autre fashion victime a également abondé dans le même sens, en précisant qu'elle a réservé une assez grosse somme pour ses emplettes d'été. «C'est peine perdue, dit-elle, puisque je ne pourrai pas renouveller ma garde-robe. Au lieu de m'acheter plusieurs articles intéressants, je me rabattrai sur l'achat d'un seul et de marque.» Une autre jeune fille lance tout de go que ces soldes fantaisistes ne sont qu'une arnaque. Elle a trouvé la solution pour s'habiller à la dernière mode et pas cher. «Il suffit d'aller vers les nombreux magasins de friperie pour trouver son bonheur. Mieux encore, la vente sur internet est également très prisée», conseille-t-elle avec un petit clin d'œil rieur. Pour plus d'explications, nous nous sommes rapprochés de certains commerçants qui ont refusé, cette année, de pratiquer les soldes. Un ancien habitué avoue qu'il a préféré ne pas perturber son commerce avec cette histoire de soldes. «Il y a une tradition chez moi, c'est qu'à chaque vente, je concède de sérieux rabais», dit-il. Un autre révèle qu'il ne peut pas brader ainsi sa marchandise. Une autre voix s'élève pour soutenir qu'«aujourd'hui, même avec la réglementation des soldes par le ministère du Commerce en 2006, fixant la période des soldes d'hiver et d'été, ainsi que leur déroulement, celui-ci n'arrive pas en fait à instaurer de nouveaux réflexes en termes de réduction et de vente promotionnelle, gérées de manière aléatoire par le commerçant préoccupé par le seul souci du gain facile. Les anomalies et les aberrations ne manquent pas, puisque certains produits soldés sont tachés ou carrément troués». En somme, les Algériens sont a priori frileux sur les soldes d'été 2013. Avec un pouvoir d'achat érodé, les soldes auront beau être à prix sacrifiés, l'Algérien ne sera pas preneur.