Les commerçants s'approvisionnent auprès des grossistes de la capitale, notamment à El Harrach et à Gué de Constantine. L'importation de la friperie étant autorisée dans le cadre de la loi de finances 2011, le commerce qui en découle connaît depuis quelque temps un véritable essor.Des marchés entiers sont consacrés exclusivement à l'écoulement de ces effets vestimentaires qui connaissent un franc succès auprès des Algérois. Au marché de Bab Ezzouar, les vendeurs occupent une aire mitoyenne avec le marché couvert des fruits et légumes, ils proposent à la vente des articles variés, allant des chaussures aux sacs à main, en passant par les pantalons, les robes et les chemises. Le nombre d'étals installés sur cette aire dépasse la centaine, néanmoins, la majorité de leurs propriétaires ne possède pas de registre de commerce. «Aucun vendeur de ce marché n'est en conformité avec la réglementation», assure un vendeur. La plupart de ces commerçant alimentent leurs étals en marchandises chez des grossistes de certains quartiers de la capitale particulièrement à El Harrach et à Gué de Constantine, d'autres préfèrent se déplacer jusqu'à la frontière tunisienne, où ils peuvent négocier leurs achats à des prix moindres : «En cours de route, il faut faire attention aux barrages dressés par les éléments de la douane qui peuvent procéder à la saisie systématique de la marchandise», raconte un vendeur, avant d'ajouter : «Il faut connaître parfaitement les rouages de ce commerce, sinon on peut tout perdre en une fraction de seconde». Ces vendeurs qui s'aventurent jusqu'à la frontière tunisienne, n'y débarquent pas à l'aveuglette. Arrivés sur place, ils font appel à des contacts qui les prennent en charge en leur fournissant la meilleure marchandise au meilleurs prix. Sans connaissances au préalable, ils peuvent facilement se faire escroquer : «Les grossistes qui nous vendent la marchandise sont ceux-là mêmes qui peuvent nous dénoncer auprès des instances douanières», affirme le même commerçant. Les vendeurs qui arrivent à alimenter leurs commerces à partir de Tébessa sont quasiment sûrs de faire du bénéfice, car ils arrivent à baisser les prix des articles, défiant ainsi toute concurrence. Sur les étals du marché de la friperie de Bab Ezzouar, les habitués peuvent se procurer, dans certains étals, des chemises à seulement 20 DA la pièce, des pantalons à 50 DA et des robes à 100 DA. Toutefois, la question de la possible transmission de maladies contagieuses, en portant ce genre de vêtements, se pose avec insistance, d'autant plus qu'ils ne sont aucunement traités. En cette fin du mois sacré de Ramadhan, marquée par une accumulation des dépenses, notamment à l'occasion de l'Aïd et la rentrée scolaire, les familles algéroises se ruent sur les marchés de la friperie. Il convient de rappeler qu'il est nécessaire de désinfecter les habits avant de les mettre afin d'éviter toute contamination. La friperie en vogue à Bab Ezzouar Tous les samedis et mardis, des centaines de personnes se donnent rendez-vous au niveau du marché de la friperie du 5 Juillet dans la commune de Bab Ezzouar. Vers 8 h, ils arrivent des quatre coins de la capitale à la recherche de bonnes occasions. La clientèle est majoritairement féminine. Bien qu'il y ait des pères de famille qui essayent de dénicher des chemises, des bermudas ou des chaussures à bas prix pour leurs enfants ou pour eux-mêmes, il y a également quelques jeunes en quête de tee-shirts ou de baskets de marque. «Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce sont des vêtements de qualité. On trouve souvent des habits de marques très connues», commente un père de famille tout en fouillant dans les vêtements superposés sur les étals. Les femmes, qui sont plus nombreuses, semblent s'être plus familiarisées avec cet endroit que les hommes. Certaines d'entre elles ont l'air de bien connaître les commerçants, elles négocient les prix et reçoivent des traitements de faveur car les commerçants leur permettent d'être les premières à ouvrir les ballots. Elles se bousculent les unes les autres pour obtenir les meilleures occasions. Les commerçants qui apportent de nouveaux articles appellent les clientes à se rassembler devant leurs étals avec humour: «Saha Aïdkoum ! Le luxe est à votre portée !», s'écrit-il, ou encore : «Venez frimer avec la marque et laissez tomber les produits chinois». Une fois que les femmes se réunissent devant l'étal, une sorte de vente aux enchères se met en place. Le commerçant montre les articles un à un : des robes, des pantalons, des jupes et des hauts en leur fixant des prix qui varient entre 500 et 800 DA. Les clientes se les arrachent et cela finit souvent en dispute et parfois même en crêpage de chignon : «Il faut s'imposer pour pouvoir obtenir de beaux vêtements. Les femmes se disputent tout le temps ici», confie l'une d'elles. De plus, l'intérêt porté à ces vêtements pourrait s'expliquer par rapport aux prix pratiqués qui sont très bas : des pantalons à 100 DA, des pulls à 200 et des chemisiers à seulement 20 DA. «En achetant du neuf, je dépense un minimum de 5000 DA pour un pantalon, un haut et des chaussures d'une qualité qui laisse d'ailleurs à désirer, tandis qu'ici, et à ce prix là, je peux facilement m'offrir jusqu'à dix articles !», affirme une jeune fille de 25 ans, une habituée de ce marché. Quant à Fatima, une grand-mère qui habite le quartier, elle explique qu'elle vient régulièrement avec sa fille pour faire de bonnes affaires, et ajoute : «Je m'apprête à acheter cette paire de baskets à mon petit-fils car elle a l'air d'être très solide. Et c'est ce qu'il faut pour les enfants.» Par ailleurs, ce marché fait le bonheur des mamans : «Je me fais plaisir en achetant des vêtements en coton, car je suis allergique au synthétique. En plus, vu que mes enfants sont en bas âge, je préfère leur offrir des habits pas très chers car comme ils grandissent vite, il faut en acheter tous les six mois», affirme Sabrina, mère de deux enfants.