Si, partout dans le monde les soldes ont toutes leur signification, en Algérie, ce terme est réduit à une peau de chagrin. Les soldes d'hiver sont de retour à Alger, du 18 janvier au 18 février, une occasion idoine pour certains intéressés de renouveler leur garde-robe. Pour rappel, les soldes sont réglementées en Algérie à travers le décret n°6-215 du 18 juin 2006, fixant «les modalités de réalisation des ventes en soldes, des ventes promotionnelles, des ventes en liquidation de stocks, des ventes en magasins d'usines et des ventes au déballage». L'article 2 du décret, pour sa part, stipule que «les ventes en soldes ne peuvent porter que sur des biens acquis (…) depuis 3 mois au minimum» avant la date de début des périodes des soldes. Le commerçant est tenu de déposer, apurée par le directeur du commerce de la wilaya territorialement compétente, une déclaration comportant la copie du registre du commerce ou, le cas échéant, la copie de l'extrait du registre de l'artisanat et des métiers, la liste et les quantités des biens devant faire l'objet des ventes en solde, l'Etat reprenant les réductions de prix à appliquer ainsi que les prix pratiqués auparavant. Autrement, des procès-verbaux d'infraction à la loi lui seront dressés. Bien que réglementées mais non obligatoires pour les commerçants, les soldes de cet hiver 2012 se caractérisent par un désenchantement total. Près de 70 autorisations ont été délivrées dernièrement par le ministère du Commerce aux commerçants intéressés par les soldes. Pour cette année, peu de débitants ont opté pour les soldes. Une petite balade à travers certaines grandes artères de la capitale, comme El Biar, Hydra, Didouche Mourad, Larbi Ben M'hidi, Hassiba Ben Bouali Belcourt ou encore le centre commercial de Baz Ezzouar, suffit pour constater que peu de devantures de vitrines sont annonciatrices de soldes. Les quelques enseignes, tapissées de belles affiches colorées à la réduction alléchante oscillant entre 20 et 70% attirent la foule beaucoup plus par curiosité. Si certains propriétaires de commerce se sont donné la peine, comme le veut la réglementation en vigueur, d'afficher les anciens et les nouveaux prix sur leurs marchandises, d'autres ont fait abstraction de ce détail majeur. Le client est alors contraint de demander à chaque fois le prix de l'article ciblé. Il faut reconnaître que les articles, notamment ceux des grandes marques, n'ont pas été touchés par les soldes. Comme en témoigne ce commerçant d'une franchise française spécialisé dans le prêt-à-porter féminin : «Nous ne pouvons pas nous permettre de solder un tailleur ou encore un manteau en cachemire de moitié de son prix réel. Nous serons, dans ce cas, perdants. Nous proposons, par contre, des soldes intéressantes sur des fins de série sur des pulls, des chemisiers et des pantalons.» Une jeune étudiante de 25 ans, friande de mode, avoue que les soldes 2012 n'ont pas été de son goût. «Je trouve que les articles des grandes marques restent inaccessibles. Dommage, alors que dans les pays développés, ces articles là sont bradés. Il y a déjà foule avant l'ouverture des portes des magasins». Un père de famille de quatre enfants est convaincu que «les meilleurs affaires se font durant les soldes. Hélas, les prix proposés dans notre pays sont au-dessus des bourses moyennes. Il faudrait revoir cette politique des soldes». Peut-on parler de soldes quand certains commerçants placardent de simples affichettes sur leurs vitrines pour annoncer qu'à l'achat d'une paire de chaussures, la deuxième est gratuite ou encore à l'achat d'un sac, le deuxième est cédé à 30% ? Des affiches certes alléchantes, cachant une campagne déguisée d'arnaque. La grande majorité des commerçants abordés avouent en catimini qu'il ne s'agit pas réellement d'une campagne de solde mais de promotion : façon subtile d'épuiser l'ancien stock pour installer la nouvelle collection. Il est vrai que certains magasins proposent des vêtements provenant notamment de Turquie, de Syrie et de Jordanie à des prix relativement moyens, à l'image de ces pantalons cédés à 1500 DA, des pulls en nylon à 900 DA ou encore des boots à 1300 DA… mais où la qualité laisse à désirer et où la contrefaçon règne en maître.