-Il ressort du Congrès mondial du mobile 2013 (GSMA Mobile World Congress) que le marché des smartphones et tablettes commence à se structurer (il y a une segmentation qui ressemble à celle de l'automobile), c'est un signe de maturité. Qu'en est-il pour le marché algérien ? Ce marché est-il rentable ? Le marché algérien recèle à la fois des similitudes et des décalages. Similitudes sur la vitesse de propagation, les segmentations produits..., mais aussi des décalages dans la maturité de certains segments de marché, les parts de marché relatives et les services associés. Mais la trajectoire est identique et à terme le marché algérien arrivera à un niveau de maturité comparable. La question de la rentabilité est une question centrale qui conditionne la vitesse de propagation de ces produits sur le marché algérien. Le business model doit bien entendu être adapté aux conditions algériennes et aux caractéristiques de son économie (étendue du territoire, PIB, systèmes de paiement, épargne et pouvoir d'achat…). Mais compte tenu de la taille de ce marché et de la jeunesse de la population, il n'y a pas de raison pour que ce marché ne soit pas rentable. Il faudrait par contre des produits mieux adaptés aux besoins locaux et avec une gamme de prix en adéquation avec la clientèle algérienne. -Les annonces autour du lancement de la 3G sont-elles à l'origine de l'engouement des Algériens pour les smartphones et tablettes ? C'est, selon moi, plus un accélérateur qu'un déclencheur. La vraie origine se situe plus dans la symbolique que représente la possession de ces produits. La 3G est évidemment un vrai plus pour l'utilisation des smartphones et tablettes, mais ces produits peuvent aussi être attractifs sans. Ils ont un pouvoir symbolique et une reprwésentation sociale forts, c'est aussi une forme de reconnaissance sociale que de posséder une tablette ou un smartphone. Les acheteurs, notamment les plus jeunes, veulent être de la communauté des possesseurs de ces nouveaux terminaux quand bien même dans un premier temps ils n'auraient pas un réseau suffisant pour profiter de toutes les fonctionnalités. Mais la 3G va être un accélérateur puissant, notamment auprès des acheteurs plus «rationnels » et notamment ceux qui utiliseront des supports pour une utilisation professionnelle. Je crois beaucoup au développement de ce segment de marché dans les mois qui viennent en Algérie, du fait du lancement de la 3G. Le retard de la 3G n'impact pas sur l'achat par la catégorie des «early adopters» ou des fans de technologie, mais dans la diffusion de masse et auprès des segments les plus nombreux. Je pense notamment aux utilisateurs professionnels, aux entreprises qui voient d'abord dans ces outils, de nouveaux moyens de communication et d'échanges y compris en déployant des applications de gestion ou de suivi. Sans la 3G ces utilisations ne seraient pas possibles et ces terminaux n'ont alors pas grand sens dans le monde professionnel. -Quels sont les produits que nous pouvons classer en entrée de gamme, ceux de la moyenne gamme et ceux du haut de gamme ? Les produits de Condor sont une bonne illustration des gammes du marché avec un C1 d'entrée de gamme et un C4 positionné lui en moyen/haut de gamme. Nokia, avec sa gamme Lumia, propose également une large palette de produits qui couvrent l'ensemble des segments du bas avec le 520 et vers le haut avec le 920. Samsung avec son Galaxy ou Apple avec l'Iphone sont positionnés sur le haut de gamme. Il y a évidemment beaucoup de produits et les cités et les classés serait fastidieux. Les différences de prix sont importantes et sont liées aux fonctionnalités mais aussi aux marques. Bien sûr, le nombre de caméras, les GPS, la résolution des écrans, etc. expliquent les différences de prix. Mais Apple ou Samsung par exemple bénéficient d'un avantage «marque» qui leur permet aussi un positionnement prix plus haut à fonctionnalités équivalentes ou quasi équivalentes. -Comment se portent les ventes pour les 3 gammes et quelle est la gamme qui l'emporte en termes de volume de ventes ? Globalement les ventes se portent très bien avec toutefois des progressions plus élevées pour l'entrée et haut de gamme. Les premiers produits permettent de conquérir une clientèle qui, certes, souhaite un smartphone mais pas à «tout prix» et accepte des fonctionnalités moindres. Le haut de gamme s'adresse lui à un public qui est sensible à la marque, à la reconnaissance induite et avide de fonctionnalités étendues. On voit donc s'installer une segmentation produits qui répond à des attentes, des besoins et des budgets différents.