La journée d'étude sur les psychoses aiguës organisée, jeudi dernier, à l'établissement hospitalier Mahmoud Belamri par l'Association des psychiatres de la wilaya de Constantine a été saisie par certains spécialistes pour une véritable remise en cause des manières de diagnostiquer la maladie par les praticiens des différentes écoles. Pour le professeur Kacha, qui a traité l'évolution du concept des psychoses aiguës depuis les années 1980, et toujours perçues comme des bouffées délirantes, les diagnostics toujours posés n'aboutissent pas à un traitement efficace. Selon lui, « il est impossible de continuer à voir ces multiples cas de psychoses aiguës comme des bouffées délirantes. Cette manière continue de nourrir une confusion qui ne permettra plus de comprendre ce qu'il y a derrière ce délire ». Le débat contradictoire enclenché entre spécialistes sur le traitement et le devenir des psychoses aiguës semble avoir bouleversé certaines idées développées depuis une dizaine d'années. Des méthodes de diagnostic que le professeur Kacha appelle à revoir. Et pour lui, il s'agit aussi d'imposer les classifications internationales actuelles aux résidents en médecine pour avoir plus de capacité à prévoir le devenir des patients. La rencontre aura permis de révéler que le tiers des patients atteints de psychoses aiguës en Algérie a la possibilité d'être guéri alors que les deux autres tiers peuvent être des sujets d'une rechute ou développer une psychose chronique. Même si les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux sont, à parts égales, déterminants dans le développement de ce genre de pathologies, les spécialistes insistent de prime abord sur le rôle capital de la famille. « Les parents tolèrent des troubles silencieux et ne commencent à s'inquiéter pour leur malade que lorsqu'il y a une manifestation bruyante, alors que ces troubles doivent être traités d'une manière précoce pour assurer la guérison », nous expliquera le professeur Youssef Merdji, président de l'Association des psychiatres de la wilaya de Constantine. Pour ce dernier, l'organisation de ces rencontres permettra l'échange des expériences et des recherches avec la mise à niveau des praticiens pour avoir des éléments nouveaux pour un meilleur diagnostic. Mais beaucoup de travail reste à fournir pour la prise en charge des malades et leur suivi clinique avec le renforcement des structures intermédiaires d'accueil, inexistantes dans notre pays, et qui devraient permettre une meilleure réintégration du malade dans la société.