Le cinéaste Mohamed Chouikh, lors de son passage jeudi à Oran, a animé un débat sur la situation actuelle du cinéma algérien qui, dit-il, « malgré les efforts des producteurs et une pléiade d'artistes de talents, n'arrive pas a émerger, ni à se positionner par rapport aux cinémas des deux autres pays Maghrébins. » Il citera le cas du Maroc qui a largement dépassé l'Egypte dans le domaine de la production cinématographique, avec une moyenne de 100 courts métrages et une vingtaine de longs métrages par an. Le Maroc, ajoutera-t-il, « est sollicité par de grands producteurs et réalisateurs car il s'est doté d'une véritable industrie cinématographique implantée dans le sud-ouest du pays. » Si le cinéma algérien avait atteint son apogée lors des premières années de l'indépendance, tout en épousant une idéologie mise en place par le pouvoir de l'époque, actuellement, le 7ème art n'arrive pas a émerger. Il s'agit, par ailleurs, de voir la situation des salles de projections, notamment à Oran, pour avoir une idée de ce déclin. Sur la vingtaine de salles qui existaient et qui recevaient des projections simultanées de nouveaux films, il n'existe qu'une seule salle à présent. Le cinéaste a relevé qu'actuellement pour réaliser un film, un producteur doit effectuer un véritable « parcours du combattant pour dénicher un montage financier et chercher à l'étranger les laboratoires ou autres équipements pour son développement car, inexistants chez nous. » Ces prestations, notamment pour les productions en 35 mm, consomment énormément du budget alloué au film, d'où le bénévolat de certains artistes, comme ce fut le cas pour le film « Douar de femmes ». Confessions Lors du point de presse organisé en avant première de cette projection, une coproduction de la télévision algérienne et TV5, le réalisateur, entouré des acteurs Said Hilmi, Nawal Zaater et Bahia Rachedi, l'on saura que « Douar de femmes » a nécessité 2,5 milliards de centimes et a été primé au festival du film de Montréal (Canada). Il a été conçu, selon le producteur, à partir d'un fait réel et l'auteur s'est inspiré d'une nouvelle parue dans un journal qui a relaté l'histoire des fellahs d'une localité de l'ouest du pays qui ont quitté, durant la décennie noire, leur douar pour un travail en ville, laissant seules leurs épouses armées pour se défendre en cas d'incursion terroristes. Ce film est un hymne et un hommage dédié à la femme algérienne qui, par son courage et son abnégation, a pu surmonter, dix années durant, les affres de la décennie noire. Chouikh a, d'emblée, rappelé que malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics au titre de l'ouverture du pays à l économie de marché, certains responsables d'institutions financières ne jouent pas le jeu. Par leur comportement et leur manque d'intérêt à la culture, ils freinent le développement et l'épanouissement du cinéma. Au cours de cette rencontre, le cinéaste a annoncé la production prochaine d'un long métrage « La chute de Grenada », un film retraçant l'histoire de l'Andalousie, la reconquête espagnole, l'occupation des villes de l'Ouest algérien et la présence turque. Certains plans seront réalisés en Espagne, au Maroc, en Tunisie et dans certaines villes de l'ouest du pays.