Les Etats-Unis et l'Union européenne ont intensifié hier leurs efforts en Egypte pour éviter la confrontation entre forces de l'ordre et manifestants partisans du président islamiste Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l'armée il y a un mois. Des milliers d'entre eux campent depuis plus d'un mois sur deux places du Caire pour dénoncer le «coup d'Etat militaire» et réclamer le retour du premier chef de l'Etat égyptien élu démocratiquement.Mais depuis une semaine, le gouvernement intérimaire mis en place par l'armée menace de les disperser par la force.Plus de 250 personnes ont été tuées – essentiellement des manifestants – depuis plus d'un mois dans des affrontements entre pro et anti-Morsi et entre forces de l'ordre et anti-Morsi. Mais le monde entier redoute qu'une tentative de dispersion ne tourne au bain de sang, quand on sait que les pro-Morsi se sont barricadés avec femmes et enfants sur les deux places Rabaa Al Adawiya et Nahda. L'assaut paraît donc très risqué même si le camp des Frères est appelé à être levé tôt au tard. C'est dans cette perspective qu'un chassé-croisé de ministres européens et américains, mais aussi africains et arabes, est constaté au Caire pour tenter d'aboutir à un compromis. En vain, pour l'instant. La confrérie islamiste dont est issu Morsi n'entend pas lever les camps aussi longtemps qu'elle n'aura pas eu la tête d'Al Sissi et compagnons. Une prière qui ne risque pas d'être exaucée et la «messe» du président Morsi semble définitivement dite. Il paraît fortement improbable que les militaires acceptent de revoir Morsi au pouvoir ne serait-ce que pour un jour, alors qu'ils veulent lui coller un procès d'intelligence avec l'ennemi. Aussi, le soutien américain au coup d'Etat considéré par John Kerry comme une «transition vers la démocratie» est un signe qui ne trompe pas sur l'alignement des grandes puissances. L'enjeu pour les Occidentaux est surtout de convaincre le camp Morsi de rentrer chez lui pour permettre à la nouvelle équipe dirigeante de plancher sur sa feuille de route. Mais leurs efforts ont été vains jusqu'à présent pour trouver un terrain d'entente, ils ont seulement retardé l'échéance de l'intervention de force, quasi inéluctable, selon les observateurs pour qui elle ne devrait toutefois pas avoir lieu avant la fête de l'Aïd El Fitr, marquant la fin du Ramadhan, dont les célébrations s'achèveront dimanche.