La place Rabéa al-Adawiya au Caire où campent - avec familles et enfants - les Frères musulmans depuis un mois Des ministres européens et américains, mais aussi africains, qataris et emiratis se relayent (...) depuis une semaine au Caire pour tenter à la fois de prôner la retenue (...) et de convaincre les Frères musulmans. La communauté internationale, Etats-Unis et Union européenne en tête, intensifiaient hier leurs efforts en Egypte pour éviter la confrontation entre forces de l'ordre et manifestants partisans du président islamiste Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l'armée il y a un mois. Des milliers d'entre eux campent depuis plus d'un mois sur deux places du Caire pour dénoncer le «coup d'Etat militaire» et réclamer le retour du premier chef de l'Etat égyptien élu démocratiquement. Mais depuis une semaine, le gouvernement intérimaire mis en place par l'armée menace de les disperser par la force. Plus de 250 personnes ont été tuées -essentiellement des manifestants - depuis plus d'un mois dans des affrontements avec les forces de l'ordre et la communauté internationale redoute qu'une tentative de dispersion ne tourne au bain de sang, les pro-Morsi s'étant barricadés avec femmes et enfants sur les deux places Rabaa al-Adawiya et Nahda. Des ministres européens et américains, mais aussi africains, qataris et emiratis se relayent inlassablement depuis une semaine au Caire pour tenter à la fois de prôner la retenue en cas d'intervention de la police et de convaincre les Frères musulmans, l'influente confrérie islamiste de M.Morsi, de se disperser et de participer aux élections que promet le pouvoir intérimaire pour début 2014. Leurs efforts ont été vains jusqu'alors pour trouver un terrain d'entente, ils ont seulement retardé l'échéance de l'intervention de force, quasi-inéluctable selon les observateurs pour qui elle ne devrait toutefois pas avoir lieu avant la fête El Fitr, en fin de semaine, marquant la fin du ramadhan. Le secrétaire d'Etat américain adjoint William Burns, qui multiplie les entrevues avec les deux parties depuis trois jours a décidé hier de prolonger son séjour au Caire, tout comme l'émissaire de l'Union européenne Bernardino Leon. Ils devaient être rejoints hier par les influents sénateurs américains John McCain et Lindsey Graham. En compagnie des chefs de la diplomatie du Qatar et des Emirats Arabes Unis, les deux hommes ont rendu visite lundi à Khairat al-Shater, le numéro 2 des Frères musulmans. Il a été emprisonné par l'armée tout comme M.Morsi et les principaux leaders de la confrérie. Six doivent comparaître devant un tribunal le 25 août, notamment pour «incitation au meurtre», une perspective qui attise le feu. Selon les Frères musulmans, Shater a refusé de discuter, leur demandant de s'adresser à M.Morsi. M.Burns a également rencontré le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, ministre de la Défense et véritable homme fort du pays. Ce week-end, ce dernier tout en assurant qu'il ne voulait pas «verser le sang d'un seul Egyptien», avait expliqué sans équivoque que la police, mais «pas l'armée», délogerait de force les manifestants en cas d'impasse. Les Etats-Unis, principal bailleur de fonds de l'Egypte avec 1,5 milliard de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée, semblent embarrassés par la situation de leur principal allié arabe dans la région. Le secrétaire d'Etat John Kerry a estimé il y a quelques jours que l'armée avait eu raison de renverser Morsi et «rétabli la démocratie» après que des millions de personnes eurent manifesté pour réclamer son départ. Ils lui reprochaient d'avoir accaparé le pouvoirs au seul au profit des Frères musulmans, alors qu'élu de justesse, il avait promis d'être «le président de tous les Egyptiens». Ils accusaient également son gouvernement d'avoir été incapable de gérer le pays en un an et d'avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue. L'impasse semble totale et la crise paralyse toute initiative politique. «Nous nous focalisons sur la place Rabaa et nous ne pouvons même pas nous concentrer sur la préparation du processus électoral», s'est ainsi plaint lundi un haut responsable du gouvernement.