Notre ami, Réda Brixi, grand voyageur devant l'Eternel vient encore une fois de nous surprendre agréablement en nous emmenant avec lui pour un périple pour le moins extravagant sur la route du sel, de Tlemcen à Bilad Es Soudan, l'auteur, diplômé en anthropologie et en muséologie a, à son actif, plusieurs publications dont notamment Pèlerinage à La Mecque en scooter (Alger-livre édition), Un Algérien à Tombouctou (Alger livre), Pour un nouvel ordre muséologique (OPU). Tour du monde en 2 CV, Le Bastion 18 (Sarl Gravure). Dans un ouvrage de 164 pages qui se lit d'un trait, Brixi nous relate la route du sel qui évoque une époque lointaine où l'or s'échangeait, dans les contrées au-delà du Sahara, «contre cette substance au goût âcre, le sel qui ôtait la fadeur des plats et leur donnait un goût plus savoureux.» Et puis Réda le «Ibn Batouta» des temps modernes, s'en est allé lever le voile sur les relations commerciales entre le royaume de Tlemcen et le Soudan «qui étaient intenses à cette époque et si enrichissantes. On brassait des sommes énormes dans Tlemcen, place de commerce incontournable entre l'Europe et l'intérieur de l'Afrique». Brixi a traversé les ergs, les regs, les hamadas. La route du sel en somme, défrichée par Reda, bourlingueur invétéré des espaces africains dont il retrace les péripéties en y ajoutant le sel d'une double idylle qui agrémente un itinéraire plein de dangers potentiels. En prenant ce risque, l'auteur ne s'est-il pas fourvoyé dans une aventure périlleuse par les temps qui courent ? «La passion est plus forte, semble-t-il insinuer, et des voyages de ce type, on ne les rate pas au risque de garder une frustration indélébile et inconsolable ! » Aussi, Brixi nous livre à travers cette évasion au Bilad es Soudan, une leçon de sociologie et d'ethnologie en décrivant avec minutie les contrées traversées, leurs populations, leurs coutumes, leurs rites et leurs cultures, parfois l'histoire est truffée d'anecdotes qui la rendent encore plus attrayante. Telle la position par exemple d'El Maghili à Tamentout. Gendre du cheikh Abderahmane Al Thaâlibi, Saint-Patron d'Alger, El Maghili entreprit un voyage au Touat pour freiner l'ardeur des juifs qui prenaient de l'extension économique et religieuse en construisant une deuxième synagogue, alors qu'un accord du Dhimmi spécifiait les limites de leur installation en terre d'islam ! Outrepassant ces frontières, ils sont, soumis à des punitions ! Et Maghili mena une expédition punitive en détruisant le lien du culte en question. El Maghili l'Algérie, a une longue et intéressante histoire en faveur de l'expansion et de la purification de l'islam en Afrique subsaharienne. Brixi ne pouvait pas ne pas évoquer cette ville qui l'avait subjugué et qu'il a décrite avec talent dans ses précédents ouvrages. Nous voulons parler de Tombouctou, hélas aujourd'hui accaparée par une actualité macabre et dont il dit qu'«elle a été au XIIe siècle un carrefour commercial et culturel entre le Maghreb et le Soudan. Cette ville aux 333 saints témoigne d'un lien culturel qui étend son influence jusqu'au Touat». Ce livre qu'il faut lire est «une traversée du désert sur un fond historique de Tlemcen revivifiant ses fondouks aux caravansérails de Sidjilmassa».