Si l'humanité s'accorde à dire que l'eau c'est la vie, les écologistes insistent pour rappeler que la forêt est l'oxygène de la planète. En Algérie, la superficie des forêts couvre «11% de la superficie globale du pays», selon les chiffres officiels de la direction générale des forêts (DFG), annoncés en mars 2013. Quant à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), elle avance que «les forêts et les maquis couvrent 4,1 millions d'hectares, soit un taux de boisement de 16,4% pour le nord de l'Algérie et de 1,7 % seulement si les régions sahariennes arides sont également prises en considération». En 1830, ajoute la FAO, «la superficie était de 5 millions d'hectares. Elle est actuellement de 1,5 ha, y compris les repeuplements». Cependant, alertent les écologistes et des cadres forestiers, «le couvert végétal algérien ne cesse de se réduire».
En plus des incendies qui se déclenchent annuellement, parfois de façon criminelle, les forêts ont besoin d'un véritable plan de sauvetage», estime Karim Tedjani, militant écologiste. La forêt n'est pas seulement un espace où naissent ou meurent des arbres, elle est garante d'un écosystème. Elle façonne également le devenir de centaines de milliers de citoyens. Abdelwahab Karal est ancien cadre forestier et défenseur de l'environnement dans la région de Constantine. Régulièrement, il organise des sorties en forêt. Il apporte sur le web ses témoignages et n'hésite pas à argumenter à travers des photos. «La forêt algérienne est en déperdition faute d'une politique cohérente et efficace», indique-t-il. M. Karal estime que «les changements climatiques sont également contraignants dans l'évolution des peuplements forestiers et du reboisement proprement dit pour faire face aux pertes annuelles de plus en plus dramatiques». Si la forêt algérienne a abrité au fil des siècles des populations, et si des éleveurs et agriculteurs ont trouvé en elle une aubaine pour leurs besoins respectifs, elle est aussi source de richesse pour l'industrie du bois. Abdelwahab Karal rappelle à titre d'exemple que «le chêne-liège, qui pourrait être une source pérenne pour l'économie du pays, est une espèce menacée de disparition, en raison des incendies répétés, des défrichements, des constructions et de l'urbanisation des suberaies». Il met en relief d'autres facteurs à l'instar du surpâturage, de l'exploitation archaïque du liège avec une main d'oeuvre non qualifie. Pour lui, «les forêts sont mal aménagées malgré la réalisation d'études réalisées dans ce sens». Notre interlocuteur déplore que «l'Algérie, qui avait une suberaie de choix dans le Bassin méditerranéen, perd du terrain par rapport au Portugal et à l'Espagne». Le même constaté est soulevé depuis plus d'une dizaine d'années. La prise en charge d'une manière urgente des forêts pour assurer son développement durable est plus qu'une urgence. C'est une nécessité.