Le cimetière, pris en charge ces derniers temps par l'APC de Beni Maouche, a été réalisé juste après l'indépendance grâce aux efforts des habitants qui se sont mobilisés fièrement et courageusement à l'époque pour sauvegarder la mémoire de leurs valeureux martyrs. Réputé pour être le berceau des moudjahidines dès les premières étincelles de la guerre de libération nationale, le village de Tala n Tinzar, distant de 14 km du chef lieu communal de Beni Maouche, a vécu, lundi 12 août, une journée mémorable à l'occasion de l'inauguration du cimetière qui porte les noms de 65 Chahids du village, sans compter quatre autres non inscrits, tous tombés au champ d'honneur. Le mémorial est érigé juste à l'entrée du village, plus précisément au lieudit Takhribt, non loin de l'école primaire Touati Bachir. Le cimetière, pris en charge ces derniers temps par l'APC de Beni Maouche, a été réalisé juste après l'indépendance grâce aux efforts des habitants qui se sont mobilisés fièrement et courageusement à l'époque pour sauvegarder la mémoire de leurs valeureux martyrs. Selon Nacir Hamlat, président de l'association Arezki Laurès, l'événement, qui s'est déroulé dans une atmosphère de fraternité, a connu la présence d'un nombre important d'invités, dont les familles originaires du village et résidant ailleurs, des représentants de la famille révolutionnaire et les élus des localités limitrophes. L'occasion fut surtout un moment de retrouvailles précieuses entre anciens maquisards de la région. Notre interlocuteur précise que les deux figures de proue de la région, à savoir Rachid Adjaoud de Seddouk, auteur du «Le dernier témoin», et Outtah Rachid de Beni Djellil, se sont excusés de ne pas être présents pour des raisons de santé. «Tala n Tinzar a vécu douloureusement les affres du colonialisme barbare. Au lendemain de l'indépendance, les villageois ont été livrés à eux même et beaucoup d'entre eux ont pris le chemin de l'exode. Maintenant, le village se vide de plus en plus et il ne compte aujourd'hui qu'une cinquantaine de familles. Les nôtres sont éparpillés un peu partout dans le territoire national, dont certains occupent des postes importants. Leur village natal et celui de leurs ancêtres les appellent constamment. Tala n Tinzar a besoin de ses fils», dit-il avec insistance. Concernant la date choisie, Hamlat Smail, enseignant à la retraite natif du village et qui s'intéresse à l'histoire de Tala n Tinzar durant la guerre de libération nationale, estime que le jour du 12 août 1956 présente une «empreinte d'honneur» ayant motivé considérablement l'esprit de lutte chez les moudjahidines de Tala n Tinzar se trouvant au maquis au moment de la répression farouche des soldats français contre les habitants du village. «L'administration militaire française ne savait pas que le meneur de la bataille d'Amacine du 20 janvier 1956, qui est Bairi Arezki dit Arezki Laurès, est un enfant du village. Elle ne s'est rendue compte de cela qu'après quelques mois après avoir chargé les responsables du poste militaire d'Idjissen, un poste très proche de notre village qui était sous la responsabilité du capitaine Gillet. Ce dernier, c'est déplacé le jour du 12 août 1956 jusqu'à l'enceinte de Tala n Tinzar en compagnie de ses troupes militaires et de quelques harkis de la région où ils ont découvert la maison de Hini Said, sise à Tihouna, devenue une infirmerie pour accueillir les combattants blessés de l'ALN. Une maison de justice qu'ont dirigée les deux frères martyrs cheihk Touati Bachir et Mouloud, a aussi été découverte» révèle Hamlat Smail. «Ces découvertes ont été suffisantes aux yeux du capitaine français pour exécuter sept hommes du village le même jour avant qu'il n'ordonne d'incendier tous les biens des habitants, sachant que le massacre a coïncidé avec la période des grandes récoltes. Pis, le reste des habitants ont été violemment chassés du village, dont des femmes, des enfants et des vieillards qui se sont réfugiés chez leurs proches habitants les villages voisins comme Taâzibt et Idjissène. Ainsi le village de Tala n Tinzar est classé zone interdite jusqu'au cesser-le-feu du 19 mars 1962», ajoute-t-il.