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Libérer Moubarak dans le contexte actuel est une grave erreur Tewfik Aclimandos. Chercheur égyptien associé à la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France
Il est encore trop tôt pour le dire. Les deux camps restent irréconciliables. Les Frères musulmans refusent tout accord politique après ce qu'ils considèrent comme un coup d'Etat à leur légitimité. Le nombre des pro-Morsi n'est pas aussi important que le prétend la confrérie. Ils sont minoritaires dans le pays, et encore plus au Caire. Ils ont, certes, gagné les élections, mais c'était en novembre 2011. En 2012, ils ont fait 25% au premier tour et 52% au second – face au général Chafik, qui n'était pas capable de rassembler. L'année qu'a passée Morsi à la Présidence lui a fait perdre la moitié de ses sympathisants.
- La libération de Hosni Moubarak est-elle un coup à la révolution du 25 janvier 2011 ?
Je pense que c'est une grave erreur de le libérer dans le contexte actuel, car cela va engendrer la colère des jeunes révolutionnaires qui ont bataillé pour l'évincer du pouvoir. Il est fort possible que cet acte soit calculé par les nouvelles autorités, dominées par l'armée dont Moubarak est issu.
- Qui dirige l'Egypte en ce moment ?
Le commandant en chef de l'armée, le général Al Sissi, et quelques-uns de ses hommes. Depuis l'éviction de Morsi du pouvoir, on dit que l'armée est juste là pour jouer le rôle de médiateur. Mais il faut dire ce qu'il en est, ce qui s'est passé est un coup d'Etat mais un coup qui a exécuté la volonté du peuple et les dix millions d'Egyptiens sortis réclamer le départ de Morsi et de la confrérie.
- Les Frères musulmans peuvent-il revenir sous forme de résistance armée ?
L'accès au pouvoir des Frères musulmans s'est soldé par un échec. Ils ont eu des comportements dignes de l'extrême droite. Pour autant, conclure qu'ils n'existent plus sur la scène politique et civile est faux. Il ne faut pas écarter non plus les partis salafistes qui ont toujours une carte à jouer.
- La situation actuelle est-elle propice aux conflits confessionnels ?
Il est très inquiétant de savoir que plus de 50 établissements coptes (écoles, églises, commerces) ont été attaqués par les sympathisants de Morsi. La confrérie est toujours convaincue que les coptes sont des alliés influents du pouvoir et qu'ils ont contribué à l'élimination de leur Président.
- Comment se dessinent les élections ?
En principe, les élections doivent se tenir en fin d'année ou au mois de janvier. Mais dans le contexte actuel, il est difficile de prévoir quoi que ce soit. Les Frères refuseront toute discussion car ils considèrent que le coup d'Etat a violé les premières élections démocratiques en Egypte. Par ailleurs, ils auraient le plus grand mal à se trouver des alliés depuis les derniers événements. Je pense qu'il faut tout d'abord rétablir l'ordre sécuritaire dans le pays avant de penser à organiser des élections qui ne seront en faveur de personne.