Un responsable des Frères musulmans a indiqué, hier, que le 2e tour de l'élection présidentielle égyptienne opposerait le candidat de la confrérie musulmane Mohammed Morsi à Ahmed Chafik, le favori de l'armée et de la minorité copte. Les résultats officiels sont attendus mardi. La confrérie islamiste, première force politique d'Egypte, a indiqué que M. Morsi menait avec 30,8%, suivi par M. Chafik, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, avec 22,3%. Il s'agit de projections après dépouillement des bulletins dans la moitié des bureaux de vote. "C'est sûr que l'on aura au second tour Mohammed Morsi et Ahmed Chafik", a expliqué ce responsable à Reuters, ajoutant que les responsables des Frères musulmans se réunissaient pour définir la stratégie du second tour, qui doit avoir lieu les 16 et 17 juin. Parmi les autres favoris, le dissident de la confrérie des Frères musulmans Abdel Moneim Aboul Foutouh obtiendrait 20% et le candidat de la gauche Hamdeen Sabahi aurait récolté 19%. Les résultats officiels doivent être annoncés la semaine prochaine, mais les représentants des candidats sont autorisés à participer au décompte des voix. Morsi à 25 % et Chafik à 23 % La commission électorale devrait annoncer les résultats officiels au plus tôt mardi. Mais déjà, certaines tendances circulent. " C'est sûr que l'on aura au second tour Mohamed Morsi et Ahmed Chafik ", a dit un responsable des Frères Musulmans sous le sceau de l'anonymat. Selon lui, les responsables de la Confrérie se réunissent déjà pour définir la stratégie du second tour, de mi-juin. Deux candidats opposés à la révolution Si un tel scénario se confirme, les Egyptiens n'auront alors le choix qu'entre un homme de l'ancien régime et un représentant d'une confrérie qui n'avait participé que du bout des lèvres au soulèvement contre Hosni Moubarak. Ce serait alors un deuxième tour polarisé entre les islamistes, déjà majoritaires au Parlement, et les militaires et partisans de l'ancien régime, qui promettent un retour à la stabilité et à la sécurité. Vers une révolution bis ? Les jeunes révolutionnaires de janvier-février 2011 soutenaient de leur côté les candidats indépendants Abdel Moneim Aboul Fotouh, dissident de la confrérie, et Hamdine Sabahi (gauche nassérienne), respectivement troisième et quatrième du scrutin. Ils battraient l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, qui faisait pourtant figure de favori. Les anciens révolutionnaires préviennent : " Si Ahmed Chafik ou Amr Moussa gagne, le peuple fera une nouvelle révolution ". Sur Facebook, qui avait été un moteur du soulèvement contre Hosni Moubarak, nombre d'utilisateurs promettent de retourner sur l'emblématique place Tahrir, au Caire, en cas de victoire de Chafik. Une Constitution à rédiger et l'ombre de l'armée À peine élu, le prochain chef de l'Etat devra trancher sur la rédaction de la Constitution, qui fait l'objet de vifs débats entre les islamistes et les laïcs. Le futur président pourrait également voir sa marge de manœuvre limitée par le Conseil suprême des forces armées (CSFA). Il est soupçonné de vouloir conserver une grande partie de ses prérogatives. Les généraux se sont toutefois engagés à remettre le pouvoir au nouveau président élu le 1er juillet, ce qu'ils feront d'autant plus volontiers si l'un des leurs, Ahmed Chafik, venait à être élu. Scrutin salué Par ailleurs, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a félicité jeudi l'Egypte pour l'élection présidentielle qu'elle a qualifiée d'"historique". Elle a ajouté que Washington était prêt à collaborer avec le gouvernement installé au Caire. "Nous nous attendons à collaborer avec le gouvernement égyptien démocratiquement élu", a déclaré Mme Clinton dans un communiqué. "Nous allons continuer à nous tenir aux côtés du peuple égyptien alors qu'ils travaillent à construire une démocratie qui reflète leurs valeurs et leurs traditions".